L'histoire :
Enfin la liberté ! La fin du confinement est un bonheur sans nom et l’on goûte à chaque plaisir lié à des sorties. C’est le cas pour un simple cinéma, même s’il y a très peu de monde et que les gens portent un masque. Val sourit presque bêtement tant elle est contente d’être installée confortablement sur un fauteuil rouge, un sac de pop corns à la main. Elle lui écrit sur le téléphone et il finit par répondre. À quelle heure va-t-il arriver ? En fait, il ne viendra pas… Il prétexte être retardé au boulot. Val, la rage au ventre, se retient de lui écrire un message incendiaire. De toute façon, maintenant qu’elle est là, elle regardera ce film, avec ou sans lui. En attendant, elle regarde rapidement un bon porno sur le téléphone avec ses écouteurs. Le film commence mais on entend des gros « boum » non loin de là. Un des spectateurs se lève et déclare être sûr qu’il s’agit d’une arme à feu. C’est alors l’inquiétude et beaucoup s’expriment alors que le film continue. Faut-il sortir ? Mauvaise idée car visiblement, les bruits sont assez proches et ils pourraient tomber sur l’endroit de la fusillade. Peut-être alors barricader les portes d’accès ? Une des clientes explique que ce sera difficile car elles sont toutes conçues pour être ouvertes de n’importe où. C’est alors qu’un homme avec une casquette de Mickey, gros fusil d’assaut à la main, entre et tire sur la foule. Pour chaque mort, il compte le nombre qu’il a descendu. Val, terrorisée, tente de se cacher sous un siège alors que le bruit de l’arme retentit encore plus fort…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Imaginez que la mort n’est qu’un début. Imaginez que quand vous êtes mort, vous restez sur terre sous forme immatérielle et vous observez sans arrêt l’existence de ceux qui restent vivants. Une idée de début étonnante et un petit clin d’œil au film Ghost au passage. Le cinéma a d’ailleurs une place très importante puisque l’on démarre dans une salle obscure et que les personnages sont ensuite des spectateurs d’un vaste film réel, sans compter les nombreuses discussions culturelles sur le septième art. On s’attache très vite à ce duo de fantômes improbable et chaque saynète réserve son petit lot de surprises. L’érotisme n’est jamais très loin car Val et Sam, en bons voyeurs, recherchent des scènes de plaisir intense. Le sexe n’est pas gratuit ni vulgaire et il s’accompagne dans le même temps d’une peinture terrifiante du terrorisme. Le bon vieux mythe d’Eros et Thanatos trouve ici sa quintessence puisque la fin du monde et l’envie de copuler est suivi par des personnes qui ont perdu la vie. Ce voyage très particulier devient superbe grâce aux dessins magiques de Niko Henrichon. On reste pantois devant la beauté de chacun de ses personnages, la douceur des scènes érotiques et le jeu époustouflant du noir et blanc et de la couleur. Il y a une sorte de poésie qui se dégage dans chacune de ses planches et même si l’on est souvent désarçonné dans ce comics spécial, le spectacle vaut le coup d’œil…