L'histoire :
La vérité est devenue une lutte permanente, un combat sans merci pour empêcher les contre-vérités d’hier de devenir les vérités de demain et garder la main sur le récit collectif. Un combat de pointe que mène un département secret du gouvernement américain : « The Department of Truth ». Cole Turner en est le dernier membre en date. Un agent du FBI qui vient de découvrir cette réalité et ce combat et que le département de la Vérité vient de recruter. Cole va glisser lentement (et nous à sa suite) dans un monde de faux semblants, de vérités tronqués, d’humains manipulés et manipulables et de patriotisme nauséabond car le département n’est pas le dernier à contrefaire la vérité et les croyances. Bien au contraire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Notre monde est de plus en plus la proie des fake news, des théories du complots et autres déviances platistes. Des conceptions alternatives de la réalité de plus en plus présentes dans nos vies, qui fracturent nos sociétés et leur cohésion, et dont James Tynion IV et Martin Simmonds ont décidé de s’emparer pour les analyser et leur donner un sens. Et quel sens ! Ils osent aller chercher l’explication à la frontière du réel et du fantastique, laissant entendre qu’il n’y a pas de vérité absolue… qu’en fait, la vérité telle qu’on l’imagine n’existe tout simplement pas. Elle ne serait qu’une série de croyances qui se diffusent plus ou moins dans la population… et suivant leur degré d’ancrage et de recrutement parmi les peuples, ces croyances deviennent lentement « la » vérité... une vérité qui transforme et façonne le monde à son image, au sens le plus strict du terme. Vous l’aurez compris, The Department of Truth est un sujet éminemment complexe, brûlant, effrayant parfois et toujours touffu, qui réclame en permanence l’attention du lecteur et sa participation pour ne pas se perdre dans les vrais mensonges et les fausses vérités. Pour autant, pas d’inquiétude, car les auteurs ont l’art de ne pas nous perdre en chemin. James Tynion IV a placé son histoire entre les mains de personnages profonds et étonnamment attachants, qu’on découvre puis qu’on suit avec gourmandise et de légers tremblements dans tout le corps (je vous mets au défi de ne pas voir tous vos poils se dresser quand vous allez découvrir le nom du chef de ce département très spécial). Les dialogues sont clairs, brillamment écrits (c’est rare) et le dessin de Martin Simmonds est en parfait adéquation avec ce trouble récit. Un dessin réaliste et pourtant étrange où des silhouettes (pourtant parfaitement caractérisées et donc parfaitement reconnaissables) se déplacent dans un monde qui semble sans arrêt prêt à basculer dans le fantastique ou l’horreur. Cerise sur le gâteau : The Department of Truth est proposé par Urban Comics au prix de lancement de 10 euros (jusqu’au 25 février 2022). Le meilleur rapport plaisir/prix du moment et c'est la pure vérité !