L'histoire :
Précédemment, nous avons découvert qu’il existait aux Etats-Unis une société secrète appelée le Département de la Vérité. Récemment recruté, l’ancien agent du FBI Cole Turner découvre que l’Agence gouvernementale de l’Ombre censée lutter contre les théories du complot, cherche elle aussi à imposer non pas LA vérité mais SA vérité, au service du roman national des Etats Unis. L’agence dirigée par Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé de JFK, n’est peut-être pas aussi vertueuse que prévu. Dans cette troisième partie, James Tynion IV revient sur le passé d’Oswald juste après l’attentat et ses débuts dans l’agence. Dans une sorte de Department’s origin, ce tome balaie toutes les théories les plus anciennes et populaires des années 60 et 70 comme l’apparition soudaine et simultanée des Ovnis, la conquête spatiale ou encore les hommes en noirs. Il est pour cela assisté de Doc Hynes, jeune nerd affublé d’un calot en aluminium, persécuté par un homme papillon et témoin de la montée en puissance de celui qui deviendra le chef du Département.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Soixante ans après, l’Amérique est toujours autant traumatisée voire obsédée par l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. La société actuelle et ses réseaux sociaux ont favorisé l’explosion de la croyance du complot d’état, déjà existant à l’époque mais qui a pris des proportions difficiles à contenir. Le doute concernant l’implication de Lee Harvey Oswald, considéré comme l’assassin du président, lui-même tué devant les caméras par Ruby, est né dès le lendemain de sa mort et a alimenté des centaines de théories et de films. Le génie de Tynion IV est d’en faire le boss de cette agence secrète luttant contre les théories complotistes, étant lui-même le symbole d’une supposée machination. Plutôt discret dans les précédents albums, Oswald est au cœur de l’intrigue de ce tome pour lequel Martin Simmonds a cédé sa place à plusieurs dessinateurs ayant la charge d’un épisode chacun. Tynion continue son exploration de l’histoire des fausses informations et on en apprend plus sur la fabrication de cette vérité étatique et l’implication directe du bureau ovale dans ce but. Tynion fait le choix de mettre de côté l’intrigue principale, ce qui est plutôt intéressant même si on regrette de ne pas continuer à suivre le chemin tortueux de Porter. L’histoire demandant déjà un effort de concentration, ce tome nous perd quelque peu malgré le fait qu’elle nous éclaire sur les origines de cette cellule. On regrette surtout l’absence de Simmonds et de son dessin cauchemardesque qui nous plongeait dans la paranoïa mentale de Porter. Ici, les dessinateurs comme Alison Simpson ou David Romero, entre autres, s’en sortent bien mais nuisent à la cohérence de l'ensemble. Malgré tout, ce troisième tome est toujours aussi passionnant et fait de Department of Truth l’une des séries les plus originales du moment en espérant qu’elle ne se perde pas dans les méandres de son sujet.
