L'histoire :
Tout commence par un putain de coup de téléphone. On ne peut jamais être totalement peinard dans cette vie de merde. Jérusalem décroche mais il a vite senti que ça allait puer les emmerdes. Et il ne s’est pas gouré. C’est son satané éditeur qui l’appelle pour lui rappeler une sinistre histoire de contrat. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout d’un contrat sérieusement ? Visiblement, pas son éditeur qui lui met la pression : il avait signé pour écrire deux romans et l’avance qu’on lui a donnée n’a toujours pas été honorée. Il est dans une impasse et il le sait. La drogue, le câble, la bouffe : voilà tout ce qu’il voulait faire tout le restant de sa putain de vie. Mais c’est bien connu : les meilleurs choses ont toujours une fin. Il a pas envie de quitter la montagne. Il est dans le trou du cul du monde et l’endroit est merdique au possible mais au moins personne ne venait le faire chier. Maintenant il n'a plus le choix, il doit redescendre dans le lieu qu’il déteste le plus : la ville ! Jérusalem ne va pas verser une larme pour son ancienne vie et c’est pas en croisant la route du vieux bar miteux qu’il a fréquenté de temps en temps que son avis va changer. Il y allait de temps en temps et c’était le seul endroit où il pouvait voir du monde à savoir les pèquenots du coin. En guise de remerciement, une bonne roquette pour laisser sa trace et il pourra partir l’esprit tranquille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Urban Comics publie des titres marquants dans une collection « de poche » à un prix encore plus petit que la taille des volumes. Et parmi ces titres qu’on a plaisir à relire, il y a Transmetropolitan ! Ça commence par un antihéros tel qu’on n’en a jamais vu : crâne rasé, lunettes bicolores, clope au bec, un majeur en majeure partie bien tendu et un corps régulièrement nu bardé de tatouages . Ça continue avec des grossièretés et un langage ordurier, des scènes choc et trash pour un gros coup de tatane dans la gueule. Et ça se termine sur une avalanche d’événements surprenants et de moments d’une audace folle, à lire avec une musique punk, donc bien destroy. Vous n’aurez pas souvent l’occasion de lire un récit aussi déjanté. Warren Ellis semble vouloir faire un gros « Fuck » au monde entier avec un futur apocalyptique des plus inquiétants et pourtant si proche de nous. Les mini récits dans lesquels ce journaliste improbable est embourbé sont autant de perles rares où le scénariste se permet tout et flingue tout et tout le monde avec une jouissance communicative. Religion, politique, science, amour, urbanisme, progrès et évolution se prennent des roquettes bien placées avec un humour noir renversant. On ne pourra pas mettre ce brûlot entre toutes les mains et pourtant, quand Spider Jerusalem sort sa plume pour écrire son reportage, c’est un style et une profondeur qui étonnent comparés aux passages très crus de l’ensemble. Darick Roberston relève un sacré défi en essayant de représenter la folle imagination d’Ellis. C’est avec une grande irrévérence qu’il glisse de nombreux détails choc et son graphisme coup de poing est à couper le souffle. On dit toujours qu’il n’y a que la vérité qui blesse : ici, elle va vous saigner jusqu’à la mort !