Véritable autodidacte, passé par le milieu des comics indépendant, Eric Powell aura su gravir les marches une à une afin d’acquérir un statut d’incontournable ces dernières années et ce, grâce à l’apparition d’un personnage emblématique : The Goon ! Un molosse au cœur tendre qui rétablit l’ordre dans une ville infestée de zombies et autres créatures purulentes. Alors qu’en France sort le 6e tome de cette série multi-récompensée dans la patrie de Mickey, le jeune auteur en a profité pour faire un petit tour à Angoulême ! Bien évidemment, nous en avons profité pour l’interviewer…
interview Comics
Eric Powell
Pour commencer, peux-tu nous présenter ta carrière, comment en es-tu venu à faire de la bande dessinée ?
Eric Powell : J’ai débuté chez des éditeurs indépendants vers 1995, puis ensuite j’ai travaillé comme encreur chez Marvel Comics sur Black Panther ou Hulk, chez DC Comics sur Batman puis chez Dark Horse comics notamment sur Hellboy. Et puis j’ai décidé de travailler dur en créant mon propre personnage et il est arrivé : le Goon !
Quelles sont tes influences ?
EP : C’est difficile mais en terme de scénariste je dirais Alan Moore, Mike Mignola ou Jeff Smith en tant que dessinateurs. Ce sont mes deux influences majeures, ils m’ont encouragé en me montrant que l’on pouvait réussir avec autre chose que des super héros aux Etats-Unis. Là bas, la situation n’est pas la même qu’en France, vous avez de nombreuses séries qui sont toutes différentes.
Pour toi, le Goon n’est pas un super héros ?
EP : Pour moi, non. Il est comme Hellboy, il n’a pas de super pouvoirs ! Quand le film d’Hellboy est sorti, les annonceurs ont tout fait pour nous faire croire qu’il s’agissait d’un super héros mais si tu lis le comic, tu sais que c’est faux. L’univers est gothique et il n’y a pas de super pouvoirs ! Pour le Goon, c’est pareil, il y a plein de monstres, mais il n’a pas de costume, pas d’identité secrète.
Si tu avais pu créer un personnage de BD existant à la place de son créateur original, qui aurais-tu aimé créer ?
EP : Quand j’étais enfant, j’aimais tous les super héros. Aujourd’hui, je préfère créer moi-même mon héros ou sinon peut être les Simpson, je les adore. Alors pourquoi ne pas faire une histoire sur les Simpson !
La série pourrait devenir un film…
EP : Oui, c’est la société de production de David Fincher (Benjamin Button, Fight Club, Se7en) qui s’y intéresse. Nous travaillons sur un film d’animation.
Cela évite le choix d’un acteur principal pour interpréter le Goon !
EP : Oui, et puis j’avais entendu comme quoi Mickey Rourke serait parfait pour le rôle mais, bien que je l’adore, je me disais que tout le monde verrait Marv à ce moment là (NDLR : son personnage dans Sin City). Pareil pour Ron Pearl, on penserait forcément à Hellboy. Je préfère un film d’animation, le résultat sera plus original. Et puis qui aurait pu avoir le même regard que Franky ? (rires)
La série change de ton au fur et à mesure des épisodes, elle prend même un ton sérieux sur Chinatown…
EP : J’ai créé la série comme bon me semblait, on ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais. Je voulais vraiment faire du Goon quelqu’un de plus complexe, c’est donc pour ça que je suis revenu dans son passé et que j’ai choisi une narration plus sérieuse et dramatique. J’avais peur que les lecteurs ne comprennent pas pourquoi cela n’était pas drôle donc j’ai annoncé le truc au début du tome !
Contrairement aux autres tomes, on pourrait dire que Chinatown est ton graphic novel sur The Goon…
EP : En fait, les titres que vous avez connus jusque là sont composés de plusieurs chapitres. Pour Chinatown, j’ai en effet gardé une histoire durant tout le tome et j'ai travaillé différemment, comme d’autres le feraient sur un graphic novel. Même aux Etats-Unis, Chinatown est sorti en un seul livre ! Quand j’ai eu cette opportunité de sortir un seul livre, je ne l’ai pas pris à la rigolade !
En te dispersant ainsi, ne pouvons nous pas craindre qu’à l’instar de Mike Mignola, tu laisses les pinceaux à d’autres sur The Goon ?
EP : Je vois ce que tu veux dire, mais pour moi cela est impossible, The Goon est mon bébé et si j’arrête de le dessiner, la série sera terminée également. J’ai laissé participé à la série quelques uns de mes amis, comme Kyle Hotz ou Tony Moore, mais c’était une invitation temporaire ! (rires)
Peux-tu nous décrire ton style ?
EP : En fait, je joue beaucoup avec mon style, si tu regardes tous les tomes, tu pourras te rendre compte de l’évolution depuis le début. J’adore essayer de nouvelles techniques ainsi que de nouveaux matériaux. Par exemple sur Chinatown, j’ai utilisé de nombreuses techniques notamment lors des flashbacks, je joue beaucoup avec la couleur ou la peinture utilisée. C’est pour moi ce qui est le plus intéressant aujourd’hui.
As-tu d’autres projets en dehors du Goon ?
EP : J’ai un nouveau projet qui devrait être publié cette année, il me reste plein de choses à finir dessus donc je n’en dirais pas plus !
Ce sera dans la veine de Billy the Kid ?
EP : J’espère que le résultat sera meilleur car à chaque titre, j’essaie d’être meilleur encore. Peut être reviendrons-nous (NDR : avec Kyle Hotz) un jour sur cette série…
Quelles séries conseillerais-tu aux terriens ?
EP : Je ne leur en conseillerais pas de françaises car je n’en ai pas encore lues ! Cela fait un moment que je n’ai pas été dans une libraire mais sinon, je dirais BPRD ! Ou tout ce que fait Dark Horse (rires) (NDLR : son éditeur aux Etats-Unis) ou chez Delcourt !
Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d’un autre auteur pour mieux le connaître, qui irais-tu visiter ?
EP : C’est difficile, il y a beaucoup d’auteurs que j’adore ! Si je ne devais en citer qu’un, ce serait probablement Mike Mignola ! Il m’a tellement inspiré sur tout son travail.
Thank you Eric !