L'histoire :
Alors qu’il se réveille au petit matin après avoir rêvé de sa tante Kizzie, le Goon retrouve Franky et se rend au bar. Là bas, ils assistent tous deux au tour de chant de Mirna, une belle jeune femme très attirée par le bras droit de Labrazio. Celui-ci la repousse néanmoins sans autre explication. Tout se passa à Chinatown il y a de cela quelques années, alors que le Goon partait rencontrer Xiang Yao, un vieil homme dirigeant une organisation ennemie. A l’époque, les négociations n’amènent à rien et il part en colère. Plus tard dans la nuit, une jeune femme frappe chez lui : il s’agit d’Isabella, une ancienne connaissance de Goon, lorsqu’il était encore au cirque. Tous deux se remémorent alors de vieux souvenirs, mais elle n’est pas venue pour ça et explique à son ami qu’elle travaille pour Xiang Yao. Le Goon lui renouvelle sa volonté de la protéger et cette attention la touchant, la belle l’embrasse… Le lendemain, elle lui demande finalement de l’aider et de libérer de Xiang Yao. Le Goon n’hésite pas une seconde et accepte un contrat pour le moins abusif, afin de libérer sa belle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est avec un étrange avertissement que l’on découvre ce nouveau tome de la série mythique d’Eric Powell. En effet, en nous indiquant d’emblée que le récit n’est pas drôle, l’auteur nous annonce l’orientation plus sérieuse qu’il fait prendre à son univers, ou tout du moins à ce tome. Alors que Lonely Street se découvre un nouvel ennemi – à l’apparence rappelant le Wicker Man – qui s’attaque à l’organisation du Goon, ce dernier se remémore des souvenirs douloureux. Ceux-ci sont à l’origine de son visage défiguré et de la colère qui le ronge depuis cette époque. La narration alterne, avec efficacité, le duel opposant le Goon à ce monsieur Wicker, puis à des flashbacks émouvants. Un sentiment quasi poétique s’empare alors du lecteur à la découverte de cette histoire. Le caïd se révèle être très attachant et derrière ses nombreuses balafres ou cicatrices, celui-ci montre un véritable cœur tendre. L’aspect zombie, bourre-pifs et consort est mis au second plan, ce qui est loin de nous déranger… En fait, Eric Powell n’a pas travaillé de la même façon qu’auparavant sur ce tome. Il a « révolutionné » sa série en l’abordant sous un angle plus « graphic novel », doté d’un scénario continu et intelligent. La genèse de ce projet a d’ailleurs presque pris une année. Ses planches sont aussi plus fines et plus belles dans leur ensemble. L’auteur semble être encore monté d’un cran dans sa démarche artistique, notamment lors de la séquence quasi photographique où l’on assiste à la destruction du visage du bras droit de Labrazio. Contre toute attente, Powell transcende donc une série bourrine et décalée, en une œuvre fine et émouvante. Qui aurait pu imaginer cela ?