interview Comics

J. Scott Campbell

©Urban Comics édition 2016

La dernière fois que nous avions rencontré J. Scott Campbell, l'artiste s'était montré très sympathique et avouait travailler de temps à autre sur son retour aux pages intérieures d'un comic-book. Il était alors starifié pour ses nombreuses couvertures. Allait-il revenir aux affaires intérieures ? Plusieurs années sont passées, et toujours rien à l'horizon. L'occasion de revoir le talentueux dessinateur nous a permis de lever le voile sur nos craintes...

Réalisée en lien avec l'album Batman Univers - Hors Série T2
Lieu de l'interview : Paris Comics Expo

interview menée
par
18 octobre 2016

Les propos ont été recueillis par Mathieu Auverdin et la traduction de cette interview a été réalisée par Alain Delaplace.

J.Scott Campbell Bonjour. Pourrais-tu, s'il te plait, te présenter à nos lecteurs ?
J. Scott Campbell : Je m'appelle J. Scott Campbell et je travaille dans l'industrie des comics depuis le début, milieu des années 90. J'ai été engagé pour la première fois par Jim Lee et j'ai passé la majeure parties des années 90 à travailler pour son studio. En fait, non, pendant la totalité des années 90. Et mon tout premier grand succès, ça a été une série réalisée par son studio, intitulée Gen 13. J'ai pu me servir du succès de cette série pour ensuite lancer ma propre série, Danger Girl, qui est sortie en 1998. Heureusement, cette série a elle aussi rencontré du succès ! [rires] Ce sont probablement les deux comics pour lesquels je suis le plus connu. Au cours des dix dernières années, j'ai surtout été connu pour les couvertures que j'ai pu réaliser pour Marvel, en particulier sur des séries comme Spider-Man ou Women of Spider-Man. Il y a eu toute une série de figurines à collectionner qui ont ensuite été basées sur ces dernières, chez Sideshow Collectibles. J'aime aussi continuer à travailler sur les titres que j'auto-produis, comme Danger Girl, même si je n'en réalise plus que les couvertures, maintenant. Chaque année, aussi, je sors une série de calendriers sur lesquels je réalise des versions personnelles de visuels issus de contes de fées, dans le style de pin-up. Ça aussi, ça a très bien marché. Voilà, donc, j'ai tendance à rester occupé par des choses très variées, même si je n'illustre plus de pages intérieures... Beaucoup de couvertures, notamment pour Disney et pour la galerie qui se trouve à Disneyland, des choses sur Star Wars. J'apprécie le fait de pouvoir faire autant de choses différentes.

Justement, ça ne te manque pas, de faire des pages intérieures ?
J. Scott Campbell : Je pense que ça va arriver, à un moment. L'aspect créatif me manque. C'est très différent, expressivement parlant, de dessiner une unique image, mais j'apprécie quand même de travailler sur une seule image à la fois, par le biais des couvertures. C'est une opportunité unique de pouvoir raconter une histoire à travers une seule image. Aux États-Unis, c'est devenu compliqué de travailler sur les pages intérieures. Cela nécessite plus d'efforts, plus de travail, plus de temps que lorsque l'on ne fait que les couvertures. C'est aussi un engagement plus contraignant puisque les artistes réalisant les pages intérieures s'engagent sur des périodes plus longues. J'ai découvert que j'étais assez fan de la réalisation de couvertures puisque ça s'avère être assez lucratif pour pouvoir en vivre tout en permettant de travailler sur un vaste éventail de thématiques sans pour autant demander la même quantité de temps qu'avec des pages intérieures. Mais oui, j'aimerais bien m'y remettre. Il me faut juste trouver, pour ça, un moyen pour que ce soit financièrement intéressant sans pour autant trop s'accaparer mon temps libre.

J.Scott Campbell Si c'était le cas, ce serait sur un titre creator-owned ou bien sur une licence déjà existante ? Il y a eu des rumeurs comme quoi tu irais sur Spider-Man...
J. Scott Campbell : En fait c'était plus que des rumeurs. On a fait une annonce il y a de ça peut-être huit ou neuf ans. Jeff Loeb et moi, on avait bel et bien un projet concernant Spider-Man, on a même illustré un ou deux numéros ! [rires] Ils sont dans un tiroir, quelque part. Malheureusement, c'est tombé à l'eau pour un certain nombre de raisons, aussi bien de ma faute que de celle de Jeff. On a eu tous les deux des engagements successifs qui se sont suivis et qui ont sans cesse reporté le projet et, à la fin, celui-ci a sombré dans les limbes. C'est vraiment dommage mais, qui sait ? Peut-être qu'à un moment on va se décider et relancer ce projet ou bien un autre...

Ces derniers temps, tu as illustré des couvertures pour des séries autres que celles de super-héros Marvel comme Retour Vers le Futur. Quels autres univers aimerais-tu illustrer ?
J. Scott Campbell : Pour Retour Vers le Futur, j'ai eu de la chance. C'est un de mes films préférés ! Lorsqu'ils ont annoncé qu'il y aurait un comic-book dérivé des films, je me suis dit que j'aimerais bien faire quelques illustrations dessus. Quelque temps après, j'ai justement été contacté pour en faire la couverture. Ça m'est tombé dessus comme ça. J'ai aussi fait une couverture de Star Wars, récemment. J'adore cet univers et c'était très fun aussi, car j'ai pu tenter de respecter la ressemblance avec les acteurs, ce qui est un défi intéressant. J'ai là aussi eu de la chance, car pour des projets de ce genre, on nous interdit de coller à l'apparence des acteurs. Mais là, on ne m'a pas donné de directives, donc j'ai pu essayer de faire en sorte que les personnages ressemblent le plus possible aux acteurs tout en préservant mon identité graphique.

Si tu avais la capacité d'entrer dans l'esprit de n'importe quelle personne connue de l'Histoire afin de voir la vie de son point de vue ou pour apprendre ses techniques, qui ce serait et pourquoi ?
J. Scott Campbell : Oh, bonne question. Euh… Walt Disney. Non seulement pour ses qualités d'artistes, mais aussi parce qu'il avait un sacré sens de entrepreneuriat, du business. Grâce à ce sens, il a pu accomplir des choses que, je suis sûr, beaucoup de monde lui a dit qu'il ne réussirait jamais. Je vois parfois certains de mes collègues qui n'ont pas ce sens du business, cette capacité à se vendre, et ils sont parfois obligés de travailler sur des projets qui ne leur plaisent pas pour vivre. Et c'est dommage.

Merci !