interview Manga

Leiji Matsumoto

©Kana édition 2020

Auteur mythique d’Albator et de tout un univers de space opera (mais pas que) dans lequel on retrouve également Galaxy Express 999, Queen Emeraldas et bien d’autres titres encore, Leiji Matsumoto était invité d’honneur de Japan Expo 2019. Connu dans le monde entier pour ses mangas, leurs adaptations animées, ou encore pour sa collaboration avec Daft Punk pour leur album Discovery dont chaque clip était un extrait du moyen métrage d’animation Interstella 5555, Leiji Matsumoto, qui a commencé comme assistant d’Osamu Tezuka (excusez du peu !), possède aujourd’hui un statut de légende vivante et continue toujours, à 81 ans, de poursuivre son œuvre. Nous avons eu la chance d’obtenir 15 minutes de son précieux temps afin de pouvoir lui poser quelques questions...

Réalisée en lien avec les albums Galaxy Express 999 T1, Queen Emeraldas
Lieu de l'interview : Japan Expo 2019

interview menée
par
15 janvier 2020

En France, la diffusion du dessin animé Albator 78 en 1980 puis Albator 84 sur Antenne 2 (avec Goldorak et Candy) est un énorme succès générationnel. Qu’en avez-vous pensé, de voir que votre œuvre touchait un public au-delà des frontières du Japon ?
Leiji Matsumoto : J'ai été particulièrement heureux de l’apprendre parce que j'ai pu constater à ce moment-là que l'humanité arrive à bouger pour les mêmes choses


Leiji Matsumoto - Galaxy Express 999 - extrait


Quel message souhaitez-vous faire passer avec Albator et vos autres réalisations ?
Leiji Matsumoto : Le message que je veux faire passer à travers mes œuvres est que ce n'est pas, et ce n'est même surtout plus, le moment de se battre entre tous les hommes. C'est le moment au contraire de se réunir pour essayer de sauver la vie humaine. Sinon, nous allons tout droit vers l'extinction. Nous devons protéger notre planète, nous sommes dans une période de réchauffement climatique et autres problèmes écologiques qui sont du fait de l'homme. Nous devons tous nous unir pour sauver la vie, protéger la vie sous toutes ses formes. La Terre, à la suite du réchauffement climatique notamment, a sa gravité qui a augmenté légèrement. C'est prouvé scientifiquement. Cette augmentation entraîne une multiplication des tremblements de terre, des éruptions volcaniques... Ce sont des effets pervers. Ceci est dû à l'homme et nous devons nous unir partout sur terre pour répondre à ces situations de crise.


Actuellement, l'écologie est un sujet prioritaire dans le monde. Si vous deviez refaire Albator aujourd'hui changeriez-vous des choses pour que le message soit plus fort ?
Leiji Matsumoto : Une des raisons pour laquelle je continue à dessiner Albator et Galaxy Express 999 c'est parce que je me dis que si j'arrête je passerai l'arme à gauche. C'est un seul univers, un seul bloc avec Queen millenium et Emeraldas, je me dois de tout écrire. J'irai dans le même axe, c'est une continuité donc je ne peux pas m'en écarter. J'ai vraiment l'intention de dessiner ce qui va suivre, la fin de Galaxy Express où le train tombe dans un trou noir accompagné du vaisseau d'Emeraldas et d'Albator. C'est la fin de la série Galaxy Express telle qu'on la connait aujourd'hui. Mais j'ai envie de dessiner ce qui se passe après.


Leiji Matsumoto


Fin juin 2019 est sorti Albator : Mémoires de l’Arcadia une création à laquelle vous avez participé avec le dessinateur et coloriste français Jérôme Alquié. Qu'est-ce qui vous a convaincu d'accepter ce projet ?
Leiji Matsumoto : Mon œuvre, je la travaille comme je pense, ensuite il y a des personnes qui vont utiliser mon œuvre et la travailler comme ils pensent. A partir du moment où ils prennent plaisir dans leur travail, j'y prendrai aussi du plaisir. S'il y a un plaisir commun, c'est quelque chose que l'on peut partager. C'est parce que j'ai ressenti ce plaisir et le sérieux dans la volonté de travail de Jérôme Alquié que je ne pouvais pas m'y opposer.


Si vous aviez l'occasion de rentrer dans un trou noir et d'y revenir par un méandre cosmique pour rencontrer un autre artiste. Qui choisiriez-vous ?
Leiji Matsumoto : Chopin, Wagner, Beethoven, ce sont des personnes que je voudrais bien rencontrer. Je veux voir de mes propres yeux, je veux expérimenter. Pour moi, c'est important. Si je devais aller dans le passé pour rencontrer quelqu'un se serait l'actrice de Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier et donc ce serait Marianne Hold que je voudrais vraiment rencontrer puisqu'elle a été la muse de mes personnages.


Merci !

Leiji Matsumoto - Albator - extrait


Interview réalisée le 04 juillet 2019.

Merci aux éditions Kana, notamment à Stéphanie Nunez, ainsi qu’à Emmanuel Bochew pour la traduction.
Merci à Laetitia De Germon pour la retranscription.

Toutes les illustrations de l'article sont tous droits réservés par leurs auteurs et éditeurs respectifs.

ALBATOR © 1977-1979 Leiji Matsumoto / AKITA PUBLISHING CO., LTD
GALAXY EXPRESS 999 © 1997 Leiji Matsumoto / SHOGAKUKAN
QUEEN EMERALDAS © 1978 Leiji Matsumoto / KODANSHA