Présent au Paris Manga & Sci-Fi Show, nous avons eu l'opportunité d'interviewer Valerio Schiti, un artiste italien qui a le vent en poupe ces dernières années. Après des débuts chez IDW, le dessinateur a très rapidement rejoint Marvel qui a profité de Marvel Now pour le tester sur Journey into Mystery. Ces épisodes dévoilaient les aventures de Lady Sif et ont convaincu son éditeur et les fans. Depuis, Valerio Schiti enchaîne les projets et illustre même ces derniers temps les périples des Gardiens de la Galaxie. Le transalpin n'en a pas fini avec son ascension américaine...
interview Comics
Valerio Schiti
Réalisée en lien avec les albums Journey into mystery, Iron Man (revue) – V 2, T16
Bonjour Valerio Schiti, peux-tu te présenter ?
Valerio Schiti : Bonjour, tout d'abord [rires]. Je m'appelle Valerio Schiti, j'ai 55 ans [NDR : l'auteur plaisante sur son âge !] et je suis un dessinateur de comics italien. Je travaille auprès de Marvel Comics et, actuellement, je suis le dessinateur des Gardiens de la Galaxie, la série écrite par Brian Michael Bendis. J'ai commencé à travailler avec Marvel il y a quelques années de ça. J'ai commencé en illustrant Journey into Mystery puis j'ai illustré quelques récits sur d'autres séries comme New Avengers, avec Jonathan Hickman, Avengers A.I. avec Sam Humphries, Mighty Avengers avec Al Ewing et... C'est tout. Plus ou moins.
Quelles sont tes références ?
Valerio Schiti : J'apprécie beaucoup d'artistes de comics, naturellement, ainsi que nombre d'artistes en général. En ce moment, j'aime beaucoup ce que fait Stuart Immonen, bien sûr [rires] pas seulement parce qu'il est là [rires], j'adore Goran Parlov. J'aime beaucoup de dessinateurs de comics : Olivier Coipel, Alan Davis... Il sera ici, à Paris, la semaine prochaine. Je vais le rater de peu alors que je voulais qu'il me signe ça [rires], dommage ! Mais c'est un grand artiste. J'aime Steve Buscema... Houla ! Je pourrais continuer toute la journée !
Comment décrirais-tu ton style ?
Valerio Schiti : Je dirais que c'est un style très simple dans le sens où beaucoup d'artistes ont plus de talent et de capacités que moi. Je crois que je suis un gars très simple ! J'aime le graphisme, j'aime faire des choses plutôt dans le genre cartoon. J'aime me concentrer sur le mouvement, sur les expressions faciales. Je ne suis pas un artiste connu pour ses atmosphères, ses ombrages ou ses anatomies [rires] J'aime m'amuser, c'est tout, et j'espère que les lecteurs peuvent le remarquer. C'est pour ça que j'ai toujours eu pour référence les cartoons mais aussi ce que fait Disney. Là, tout de suite, je ne sais pas si on peut le voir mais je dessine Rocket Raccoon. Je me suis inspiré de nombre d'artistes de chez Disney pour illustrer les personnages animaliers. Donc voilà, je suis surtout un simple cartooniste.
Tu as commencé sur un épisode d'Angel, qu'en penses-tu aujourd'hui ?
Valerio Schiti : Euuuuh... J'aimerais le brûler [rires]. Non, sérieusement, c'était mon tout premier travail et c'est bizarre car j'avais suivi un cours de dessin, à Rome, et mon premier devoir à rendre se basait sur un comics américain. J'avais donc très peur, pour Angel, et j'avais très peu de temps pour le faire, deux semaines peut-être. Heureusement pour moi ça m'a suffit [rires]. A l'époque, j'avais fait de mon mieux et, je ne sais pas, il y a encore quelque chose là-dedans, des choses que j'aime encore aujourd'hui, que je pourrai continuer à faire de cette manière. J'aime les gros plans, les regards, les mouvements des personnages, certaines scènes de combat, les poses... Mais, par contre, ça manque de détails, les ombres sont toutes ratées [rires] et il n'y a pas beaucoup de travail sur les expressions des personnages. Peut-être que je changerais ça, aujourd'hui.
Tu as travaillé énormément pour IDW sur des titres comme Infestation 2 ou Battle Beast. Que penses-tu de ses univers ?
Valerio Schiti : Oui, c'était très drôle. Je suis très attaché à ma période IDW. J'ai aimé travailler avec eux, ce sont des gens fantastiques. Les titres sur lesquels j'ai travaillé m'ont poussé à m'améliorer sur de nombreux points. J'ai surtout aimé Battle Beast. Même si ça n'était que pour un numéro, j'ai beaucoup aimé travailler sur Teenage Mutant Ninja Turtles parce que, d'une certaine manière, c'était un rêve devenu réalité.[rires] Quand j'étais petit, j'adorais le dessin animé des Tortues Ninjas puis, plus tard, leurs comics. Alors quand ils m'ont demandé de travailler sur la mini-série sur Donatello, j'étais aux anges. Et j'ai adoré travailler avec Bobby Curnow qui écrivait alors à IDW, sur Battle Beast. On a eu l'opportunité de créer nos propres personnages et Diamond Select Toys ont crée des figurines à partir de nos personnages. J'ai donc une collection de *mes* jouets ! [rires] J'ai aimé toute cette période. De temps à autre, je relis ce qu'on a fait alors et j'en suis toujours content. Ca a été un bon moment, ça a été fun et aussi une très bonne expérience.
Depuis 2013, tu travailles pour Marvel. Quel est le titre dont tu gardes le meilleur souvenir ?
Valerio Schiti : Le premier est bien entendu mon préféré ! Journey into Mystery marquait les débuts de ma carrière chez Marvel et c'est pourquoi j'aime encore le personnage de Lady Sif et que je suis encore satisfait aujourd'hui de ce que j'ai fait alors. L'auteur, Kathryn Immonen, était incroyable. Elle est si gentille et si talentueuse... J'ai passé un excellent moment à travailler avec elle. L'éditrice, Lauren Sankovitch, elle aussi a été formidable, une très belle personne. Et bien sûr la coloriste, Jordie Bellaire, lauréate d'un Eisner Award. J'ai travaillé avec quelqu'un qui a eu un Eisner ! [rires] C'est incroyable. Je crois qu'aussi bien pour le personnage que pour la série, j'ai préféré Journey into Mystery.
Parmi tous les personnages que tu as illustré, lequel est ton préféré ?
Valerio Schiti : Je dirais Lady Sif, pour les raisons que j'ai évoquées. Maintenant, je crois qu'aujourd'hui Lady Sif bataille dur avec Rocket Raccoon et Gamora, mais comme Gamora ressemble beaucoup à Lady Sif, je dirais que la réelle bataille a lieu entre Rocket Raccoon et Lady Sif.
Tu as travaillé avec de nombreux scénaristes de talent comme Brian Michael Bendis, Jonathan Hickman ou Kathryn Immonen. Qu'as-tu appris d'eux ?
Valerio Schiti : Beaucoup de choses. Comme je l'ai dit, ce sont toutes de bonnes personnes. Ils sont tous très gentils et vous aident, beaucoup. Je ne sais pas s'ils sont tous comme ça [rires], mais ils ont toujours des suggestions et vous laissent libres de modifier des choses, si vous pensez que ça sert l'histoire. Et ils ont des approches et des styles différents. Kathryn Immonen et Sam Humphries sont les plus drôles, leurs scripts contiennent plus d'humour, plus de gags. Brian Michael Bendis est le plus humain. Je ne sais pas comment le dire mais ses histoires sont remplies de passions, de sentiments et d'empathie. Jonathan Hickman est excellent dans les scènes dramatiques et Bendis est aussi un très grand artiste et il travaille dans le style Marvel : son script est laconique et il laisse donc beaucoup de marge de manœuvre aux artistes pour exprimer leur talent narratif. Ce n'est qu'une fois la planche achevée qu'il intervient pour ajouter ses dialogues. On a donc beaucoup de liberté et on peut vraiment l'aider à créer l'histoire. J'ai beaucoup appris auprès de ces auteurs. C'est ça qui est bien avec Marvel, on a la chance de pouvoir travailler avec de très bons auteurs qui vous apprennent beaucoup.
Quels sont tes prochains projets ?
Valerio Schiti : Je pense rester encore un moment sur les Gardiens. On parle de plus ou moins une année de plus et j'espère que ce sera le cas. Je ne peux rien promettre mais il semble que l'idée soit que je reste là pendant encore une année. J'adore les Gardiens. Je suis plutôt un type qui aime les choses drôles, à l'opposé de certains autres artistes qui vont préférer le drame. J'aime les personnages drôles, l'humour. Donc les Gardiens sont la meilleure chose qui puisse arriver à un gars comme moi.
Est-ce que c'est ton comics préféré ?
Valerio Schiti : En ce moment ? Oui, je pense que ça l'est.
Pour écrire ou pour dessiner ?
Valerio Schiti : Comme tu veux.
Souhaiterais-tu à l'avenir écrire tes propres histoires ?
Valerio Schiti : Je suis un mauvais auteur. [rires] Je ne peux pas écrire une histoire, je ne sais pas comment raconter une histoire comme il faut. Mais je crois que le personnage que je connais le mieux parce que je l'adorais, enfant, c'est bien sur Spider-Man. J'aimerai l'illustrer, illustrer une histoire de Spider-Man et peut-être même écrire une histoire de Spider-Man un jour mais ça je n'y crois pas. Après cette semaine, Amazing Spider-Man #9 sort aux USA et l'équipe Dan Slott / Olivier Coipel ont fait un boulot génial. Ca me fiche la trouille, je ne pourrai jamais plus dessiner Spider-Man après Olivier Coipel ! C'est le meilleur, selon moi.
Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre artiste, qui irais-tu visiter et pourquoi faire ?
Valerio Schiti : Il y a beaucoup de grands artistes mais je pense que je choisirais Windsor McCay. Sur de nombreux points, il est en quelque sorte le père des dessinateurs modernes de comic-books. Son oeuvre est toujours aussi impressionnante, aujourd'hui. C'est encore frais, toujours aussi formidable et j'aimerais vraiment lui piquer ses techniques et, au-delà de ça, sa narration. C'est très cinématographique. Même si c'est très vieux, c'est toujours aussi bien et aussi cool.
Merci !
Valerio Schiti : De rien ! Je peux finir mon Rocket Racoon ?
Remerciements à Claire Regnault pour l'organisation de cette rencontre, à Alain Delaplace pour la traduction et à Mickaël Géreaume pour les questions, la mise en page et le chapeau.