L'histoire :
Kawai est un détective privé talentueux œuvrant pour le compte d'une agence. Il n'a pas connu ses parents et a demandé la main de sa compagne à son père. Alors qu'il rentre chez lui après cet événement, il reçoit un appel de son directeur : un riche client offre une très grosse somme d'argent et souhaite que ce soit Kawai qui se charge de sa demande. Le détective rappelle le client pour connaître les consignes à suivre. A la place, la voix au bout du fil lui parle du souvenir d'un match de baseball qui hante Kawai depuis des années. Le client lui dit que pour comprendre son traumatisme, il doit se rendre à un lieu précis situé en Russie. Hésitant, Kawai finit par y aller. L'avion puis le taxi finissent de conduire le détective japonais dans un hôtel situé en campagne en plein milieu des bois. En arrivant, il tombe sur une femme et trois hommes qui patientent dans le hall. Le type à l'accueil lui dit qu'il était attendu. Ensemble, ils doivent se rendre à un lieu donné et attendre qu'un train s'arrête pour ouvrir la porte du dernier wagon. Tous trouvent ça curieux et parlent d'un certain Monsieur Nobody. Alors qu'ils atteignent leur objectif, le premier homme qui ouvre la porte du wagon jette un œil à l'intérieur. La seconde suivante, sa tête est tranchée et projetée à l'extérieur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les amateurs de mangas sortant des standards habituels ont déjà vu le nom de Gou Tanabe. Avec The Outsider et Kasane, les lecteurs ont découvert un artiste aux univers complexes et au trait raffiné. Mr. Nobody est un thriller en trois tomes. Le mangaka y raconte le périple de Kawai, un détective privé traumatisé par un passé nébuleux. Cela nous évoque Wet Moon d'Atsushi Kaneko mais, plutôt que d'y retrouver des ambiances à la Tarantino, avec Mr. Nobody c'est plutôt du côté des romans suédois que l'on se trouve. On pourrait citer le Millenium de Stieg Larsson pour le côté « secret » des personnages et l'ambivalence qui se dégage d'eux. Teinté de légères touches de fantastique, le récit se montre immédiatement captivant. On sent la lente plongée en enfer de Kawai et des quatre autres personnes engagés par ce Mr. Nobody dont on ne sait absolument rien. Pourquoi fait-il cela ? Quels sont ses desseins ? Ces interrogations et la destinée des protagonistes procurent tout l'intérêt de ce premier opus. Ce qui permet de rentrer immédiatement dans l'histoire, c'est également la qualité des dessins de Gou Tanabe. Le mangaka, au travers d'un trait fin et soigné, offre des planches sombres à souhait où les décors sont aussi glauques que la teneur du récit. Mr. Nobody effectue des premiers pas plein de promesses...
