L'histoire :
Yuzuko vient d’incinérer sa grand-mère, dernière famille qu’il lui restait depuis le massacre des siens 9 ans auparavant, et retourne chez elle dans un bus tardif et presque vide. Dans le reflet de la vitre, elle voit un des passagers l’observer avec insistance. Soudain, un jeune homme assis à l’avant du bus se lève et met un couteau sous la gorge du conducteur, annonçant qu’il prend le bus en otage. Surpris, le conducteur freine violemment et l’urne que Yuzuko tenait dans ses mains vient s’écraser sur la tête du voyou. Lorsqu’il demande qui lui a balancé ça, il voit la jeune fille et tombe immédiatement sous le charme. Le bus repart et le preneur d’otages, Gorô, se rend au fond où une passagère tente d’utiliser son portable pour prévenir la police. Un nouveau coup de frein projette alors le jeune homme à l’avant du bus pour la seconde fois. En regardant par le parebrise, il découvre pourquoi le chauffeur s’est arrêté : un hélicoptère de la police vient de se poser devant eux ! Gorô descend du bus avec Yuzuko devant lui, couteau sous la gorge, pour montrer qu’il a des otages, et demande aux policiers de partir. De retour dans le bus, Yuzuko dit ses 4 vérités au garçon. Vexé, ce dernier la menace avec son couteau mais la jeune fille n’est pas impressionnée. Soudain, l’homme qui fixait Yuzuko plus tôt se lève : d’un seul tour de bras, il déchiquette en morceaux tous les autres passagers ainsi que le chauffeur. Yuzuko croit revoir la scène de massacre de sa famille et ses yeux changent radicalement. La scène est alors interrompue par un énorme tremblement de terre, et Gorô tombe dans les pommes... Lorsqu’il se réveille, il se trouve aux côté de Yuzuko devant les ruines de la ville, complétement dévastée. Yuzuko, elle, sourit : elle est persuadée d’avoir retrouvé l’assassin de sa famille et va enfin pouvoir se venger. Le pouvoir qu’elle retenait depuis toujours va alors se révéler...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que cela s’annonce de prime abord plutôt bien avec une couverture qui attire l’œil, une sous-couverture elle aussi vernie et illustrée, et une première page couleur, la lecture fait rapidement déchanter. Pour commencer, petit souci d’édition : les quatre pages suivantes, originellement en couleurs et passées en noir et blanc, sont très moirées. Puis, l’histoire commence, et là c’est plutôt le scénario qui déçoit, et ce de plus en plus au fur et à mesure que le récit se déroule. Pour commencer, le second personnage principal est un idiot fini censé apporter une touche comique qui ne fonctionne pas, et celui-ci ne sert donc à rien - vraiment. Ensuite, le récit se voulant pêchu et dynamique, plein de vitamines à l’image des agrumes qui servent de thématique aux noms des personnages, cela part dans tous les sens, ça crie, ça s’agite... souvent en vain ! On sent bien que les auteurs, dont le manga n’est pas le média habituel, sont issus du monde de l’anime, mais cela ne fonctionne pas vraiment ici : leur humour foufou et déjanté passé au format papier ne fait pas rire. Qui plus est, le ton des gags est très japonais, ce qui n’aide pas non plus... Pour ne rien arranger, certains dialogues n’ont qu’un sens très relatif et le récit manque parfois de transitions, voire de cohérence. Du côté des dessins, le style est très dynamique, mais on a souvent droit à des planches assez vides où seuls les personnages sont présents, et le trait reste relativement simpliste et/ou exagérément déformé pour coller à l’ambiance déjantée. Le niveau des cases est assez irrégulier : certaines sont assez complètes, et d’autres griffonnées à la va-vite. Beaucoup n’ont pas non plus de tramage, et celles qui en ont se contentent la plupart du temps du minimum syndical pour un rendu final assez moyen. On notera aussi la page du lexique de fin qui est hyper pixélisée, et, surtout, beaucoup de fautes d’orthographe dans les 3 pages d’interview du dessinateur présentes en fin de volume. Enfin, le scénario en lui-même n’est pas non plus très convaincant : un groupe de personnages dotés de pouvoirs fait surface pour récupérer un jeu de tarot des mains de l’héroïne le jour même où une sorte de séisme ravage toute la planète ; l’héroïne, quant à elle, veut venger sa famille, tuée des années plus tôt par le mystérieux groupe en question, et révèle d’un coup son propre pouvoir caché… Rien de bien original en substance. En résumé, pour leur premier titre japonais et après une période financière difficile qui a failli les voir disparaitre, les éditions Booken n’ont peut-être pas misé sur le bon cheval pour revenir sur le devant de la scène...