parution 11 mai 2011  éditeur Casterman  collection Univers d’auteur
 Public adulte  Mots clés Chronique sociale / Erotique / Seinen

Je ne suis pas un homme T1

En cherchant l’inspiration, un mangaka tombe sur un site web où un certain Yôzô Oba explique comment il est passé d’un beau jeune homme de bonne famille de 17 ans à une épave à seulement 25 ans. Une déchéance superbement racontée et très intense.


 Je ne suis pas un homme T1, manga chez Casterman de Usumaru
  • Notre note Red Star Red Star Red Star Red Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Red Star Red Star Red Star Red Star

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  • dessin Red Star Red Star Red Star Grey Star

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©Casterman édition 2011

L'histoire :

Usamaru Furuya, mangaka de profession, est en manque d’inspiration pour son prochain titre. Du coup, il navigue sur le web à la recherche d’une idée quand il tombe sur un étrange site autobiographique. Sur la page d’accueil, on y voit trois photos d’un dénommé Yôzô Oba à trois époques différentes : un visage de gamin énervant à 6 ans au milieu d’une famille bourgeoise, un beau gosse bien sous tous rapports à 17 ans et un air de vieil homme à seulement 25 ans. Usamaru est intrigué : comment un jeune homme apparemment destiné à un avenir brillant a-t-il pu devenir une telle épave en moins de dix ans ? Le titre du site, « Je ne suis pas un homme » est lui aussi intriguant. Usamaru décide donc d’en lire un peu plus pour comprendre ce qu’il s’est passé. Le récit commence quand Yôzô a 17 ans et fait le bouffon au lycée pour être apprécié de tous. Seulement, ce sourire de façade commence à lui peser : ça y est, Usamaru est accroché et va lire tout le récit du site...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

On connait déjà Usamaru Furuya grâce à ses nombreux titres déjà parus chez nous comme La musique de Marie, L’âge de déraison ou bien encore Le cercle du suicide. Ici, le mangaka change encore de style en adaptant un roman de la littérature japonaise tout en pensant à sa publication dans le sens occidental et en réalisant ses planches en fonction de cette contrainte (ce qui est des plus rares pour un auteur japonais). Pour introduire cette adaptation, le mangaka se met lui-même en scène comme s’il cherchait une idée de scénario et, au lieu de trouver le roman originel, tombe sur le site internet du personnage principal qui raconte sa vie. Ces premières pages sont assez sympathique de par cette mise en scène de l’auteur par lui-même mais, dès que l’on découvre la vie de Yôzô Oba, le sourire retombe rapidement : il suffit de jeter un œil à la couverture et à son titre qui sont assez évocateurs pour que l’on comprenne de quoi parle le récit et donc que le ton ne va pas être joyeux. Il s’agit en effet de l’histoire d’un lycéen riche et aimé de tous qui n’aime pas ses semblables et se sent obligé de jouer un rôle, et dont la déchéance nous est contée. Se sentant prisonnier de sa vie contrôlée par un père absent, Yôzô se noie dans ce manque d’amour et tente de combler ce vide avec une attitude de façade et avec l’argent. Seulement, nous sommes tous esclaves de l’argent, plus ou moins directement, et Yôzô finit toujours par être déçu, n’arrivant finalement pas à tomber le masque. De par son réalisme, l’histoire se montre sombre mais poignante et, même s’il est froid et désespéré, on s’attache à Yôzô sans savoir s’il s’agit de pitié ou d’empathie. Néanmoins, ses sentiments nous sont facilement communiqués et on assiste, impuissant mais captivé, à cette chute qui ne fait que s’accentuer au fur et à mesure que le temps passe. Mais il n’y pas que le scénario qui dégage un fort réalisme car les graphismes ne sont pas en reste, ce qui est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’ensemble est immersif. Tout d’abord, on remarque que le découpage est dynamique et que le mangaka a particulièrement soigné la mise en scène, notamment à travers des plans et des cadrages originaux. De plus, quelques pages au style crayonné viennent souligner la fragilité et la détresse de Yôzô dans des moments bien précis et le rendu en est saisissant. Les personnages sont quant à eux très réalistes, tant dans les silhouettes que les visages, de même que les décors au milieu desquels ils évoluent. Les scènes de sexe ne sont pas racoleuses et viennent surtout rajouter au pathétisme du portait décrit. Au final, ce premier volet est une découverte originale et poignante qu’il convient de découvrir de toute urgence.

voir la fiche officielle ISBN 9782203038790