L'histoire :
Richard Aldana a disparu sans laisser de traces après sa victoire lors de la coupe du Roi. Marianne, la mère d'Adrian, n'accepte pas vraiment cela : elle a donné son corps et son cœur à ce mystérieux combattant, qui lui a dit l'aimer. Elle choisit donc de prendre sa moto et d'emmener son fils Adrian en direction du seul endroit où peut se rendre Richard. Après un long parcours, Marianne et Adrian atteignent les limites de la vallée des Rois. Le Rift est une zone où le brouillard et la poussière se mêlent. Après un rapide repérage, la mère de famille met les gaz et traverse cette région hostile. Ils atteignent une zone plus ou moins désertique, sans la moindre trace de civilisation. Ils trouvent tout de même une voiture abandonnée, sur la carcasse de laquelle Marianne pense prendre un peu d'essence. Elle n'a pas le temps de se retourner qu'une bande de types mal intentionnés, prétendant être la technopolice de Nillipolis, menacent la boulangère et son fils. La situation dérape et Marianne ne peut plus se cacher, elle utilise alors une des techniques de l'école des cieux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa déferlante française au cours des années 80 et 90, les mangas animés, puis papier, ont imprimé leurs marques sur nos codes séquentiels européens. Les habitudes scénaristiques et les chara-designs ont alors évolué, proposant des découpages dynamiques et une narration feuilletonesque. De nombreux auteurs français ont dès lors choisi de se lancer dans la création d'histoires sur un format manga pleinement assumé. Souvent, le résultat n'a pas été à la hauteur. On relève cependant de véritables réussites comme City Hall, Dreamland, Omega Complex ou récemment le Radiant de Tony Valente. Last Man est encore une tentative d'auteurs BD s'essayant à l'exercice du manga. Trois compères – Bastien Vivès, Balak et Michael Sanlaville – y ont uni leurs forces pour créer un univers original où les références mangas sont parfaitement digérées. Cela a donné deux premiers albums convaincants, notamment sur la caractérisation des personnages (attachants !) et très dynamiques. Dans ce troisième volet, les auteurs sortent du cheminement classique du début pour conduire la jolie Marianne et son fils dans un décorum violent, proche de Mad Max (diront les fans de cinéma) et de Ken le survivant (diront les amateurs de mangas). Le récit est une fois encore très bien mené et on ne s'ennuie pas une seconde. Les séquences de combats ou de poursuites sont bien mises en scène. Attendez-vous à voir une mère de famille particulièrement malmenée dans cet opus et un Adrian qui découvre le vrai monde. Sur la forme, Last Man est en revanche désormais bien moins manga que franco-belge. Le dessin est typique de la veine « naïve » de la nouvelle vague BD, avec notamment un véritable manque de détails (décors ou autre) dans les cases. On est parfois plus proche de l'esquisse que du dessin. Les habitués au style de Bastien Vivès ne seront pas dépaysés, les autres un peu déstabilisés. Last Man se complaît toutefois aussi à abuser des thèmes classiques des shônen : le tournoi est une composante classique (et presque obligatoire) du genre, les policiers complètement cintrés de cet opus rappellent les méchants débiles de Ken le survivant. A force de jongler avec les références, il n'est pas gagné que l’aficionado de mangas y trouve son compte. Le lectorat franco-belge sera sans doute plus sensible. L'édition de Kstr est en outre de bonne qualité et les images commerciales astucieuses, façon vignette Panini en fin d'albums, soignent le fan-art. Last Man est une série réalisée avec un véritable amour du genre et rien que pour ça, il mérite le coup d’œil. Un travail appliqué, mais imparfait, pour une aventure rythmée, mais finalement classique...