L'histoire :
Vedette. De retour au pays pour fêter Chu Suk en famille (fête nationale le 15 août rendant hommage aux ancêtres), Kyng-Sook resplendit aux yeux des villageois venus l’accueillir. Voilà maintenant 3 ans qu’elle n’avait montré le bout de son nez et son père Mr Lee, bien que ne laissant rien transparaître, se réjouit intérieurement de la revoir. Finalement, tout le village la regarde comme une vedette de la capitale. Ses amies lui envient son allure, ses mains délicates, sa voix d’artiste (alors qu’elle ne savait chanter avant son exil) et rêvent de la suivre. Avoir une bonne place en ville, cela signifie ne travailler que 5 jours, jamais les week-ends ! Cela signifie aussi quitter le toit familial, mais il faut bien gagner sa vie. Sa vie est là-bas désormais et bientôt elle s’en retournera. Pourtant Dong-Soo, son amoureux transi resté au village, ne le souhaite pas. Assurément il est le seul. C’est son cœur qui parle. Peut-être aussi pressent-il qu’en réalité, la vie de la belle jeune femme à Séoul est bien loin du conte de fée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Composé de 7 récits publiés à la fin des années 80’s, Vedette se veut le reflet d’une certaine idée de la société coréenne à l’entrée dans le monde de la modernité. Une modernité qui ne fait pas de cadeaux et laisse en marge son lot de déracinés, d’« inadaptés » ruraux. Auteur majeur du manhwa, Lee Hee-jae s’intéresse de près aux vies simples et vraies des « petits », ces hommes et femmes qui ne feront jamais la Une des journaux mais méritent pourtant votre respect. Réédition de la collection Hanguk (littéralement « Corée »), à la lecture de ces nouvelles, on a le sentiment de vies broyées. Si le ton est toujours digne, il n’épargne rien de la dure réalité, parfois très crue et misérable. Et néanmoins l’espoir subsiste. Une métaphore usitée est à cet effet éclairante : la misère sociale est à la société ce que le cul est au corps, une partie prenante qu’il vaut mieux soigner pour la bonne santé de l’ensemble. Cette morale dispensée à force de convictions et d’illustrations soutend un regard fondamentalement optimiste. Une foi en l’Homme ? Si la maîtrise narrative joue sur la corde sensible, quand bien même on semble toucher le fond, une lueur renaît toujours au final. Une victoire pour une défaite, le titre de l’une de ces chroniques sociales parle de lui-même. Pères, fils, mères et filles traînent des passés (« passifs ») lourds mais, comme le dit le proverbe, après la pluie vient le beau temps… Un recueil de morceaux de vies tel qu’ils furent et demeurent : dignes de toute votre attention.
