L'histoire :
Un quartier populaire d'Osaka, dans les années soixante. Une fois de plus, le mari de Kazuko rentre à la maison complètement ivre en ayant dilapidé tout son salaire aux jeux. Seulement, cette fois est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et Kazuko décide de le quitter : elle emballe vite fait ses affaires et s’en va en emmenant avec elle son fils, Hiroshi, qui est âgé de six ans. Elle se rend chez sa sœur mais cette dernière lui fait comprendre qu’elle ne peut pas les entretenir et qu’il est dur pour une femme seule d’élever un enfant. Pourtant, Kazuko a fait son choix et, dès le lendemain, elle se trouve un travail certes épuisant mais qui va lui permettre d’habiter seule avec son fils. Dans sa nouvelle école, Hiroshi tente de se faire de nouveaux copains mais les deux premiers garçons à lui montrer de l’intérêt ne vont pas être de bon conseil : ceux-ci lui demandent d’aller voler des images de super-héros dans une petite boutique tenue par une vielle femme. Malheureusement, Hiroshi va avoir une trouille monstrueuse et va se faire renverser par une camionnette. A l’hôpital, sa mère lui fait alors promettre de ne jamais faire de mal délibérément à qui que ce soit, sinon quoi elle le tuera...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa couverture aux allures de photo et son scénario hautement réaliste, on a du mal à imaginer que ce récit ne puisse être autobiographique (ce point n’est pourtant ni confirmé, ni infirmé, par l’auteur) : voici l’histoire d’une femme qui quitte son alcoolique et joueur de mari et va élever seule son enfant, malgré les sacrifices que cela va lui coûte (sachant en plus qu’une mère célibataire dans le Japon des années 60 est plutôt mal vue). L’intrigue et les conditions précaires dans lesquelles va vivre le duo font indéniablement penser à Une sacrée mamie (également chez Delcourt) même si ici la pauvreté n’atteint pas les mêmes sommets (par exemple, Hiroshi aura toujours de quoi manger), et que l’on suit Hiroshi jusqu’à ce qu’il devienne lui-même père de famille. Que ce soit à travers les yeux de Hiroshi ou de Kazuko, l’auteur arrive parfaitement à nous faire ressentir l’amour qui les unit et, si certaines situations font sourire, on est la plupart du temps subjugué et ému par les efforts que chacun doit fournir. De plus, les graphismes sont eux aussi emprunts de réalisme avec des personnages expressifs mais pas vraiment beaux (réalistes, donc), des décors qui ne manquent pas de détails, un tramage soigné et un style un peu vieillot qui colle bien à l’histoire. En tous cas, ce titre est un petit bijou à découvrir de toute urgence.
