L'histoire :
La famille Hinomoto est bien embêtée car le deuxième fils, Sanpei, ne cesse de pousser des gémissements de douleur depuis sa chambre. Si le frère aîné du jeune homme craint de ne pouvoir réviser pour ses examens à cause du bruit, les parents se désespèrent quant à eux de ne rien pouvoir faire pour soulager la douleur de leur progéniture, de même que la petite sœur. Il faut dire que Sanpei est atteint d’un mal aussi étrange qu’incurable : après avoir été piqué par un insecte écarlate, il a commencé à souffrir et son corps s’est mis à fondre peu à peu. Sanpei a toujours été fasciné par les insectes, à tel point qu’il en négligeait ses études et que sa passion avait fait de lui la victime de trois camarades violents. A l’époque, le garçon trouvait du réconfort auprès des insectes en tous genres et se prenait parfois à rêver d’en devenir un lui-même...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur de Panorama de l’Enfer et de Serpent Rouge revient ici avec une adaptation libre et étonnante de La Métamorphose de Franz Kafka. Là où l’original décrivait la transformation d’un homme en cafard avant qu’il ne soit rejeté par sa famille, ici c’est un enfant solitaire et brimé qui va subir la transformation. Les éléments principaux (transformation en insecte, désespoir, rejet de la famille...) sont certes repris mais Hideshi Hino ne se contente pas de déplacer l’histoire au Japon et de changer l’âge de la victime. Le mangaka prend en effet le temps de nous narrer la vie terriblement triste et difficile de Sanpei (le garçon) ainsi que sa transformation qui est de fait plus longue. De plus, le huis-clos n’opère pas sur tout le volume puisque, un peu avant la deuxième moitié, l’enfant insecte s’évade de la maison et va mener une existence certes tout aussi solitaire qu’avant mais bien plus inquiétante... De psychologique, le récit passe alors à l’état de presque horrifique. Dans les deux cas, le scénario est parfaitement maitrisé : on est touché par le personnage de Sanpei qui, même lors de scènes de meurtre, reste quelqu’un de profondément triste. Quant aux graphismes, ceux-ci sont de très bonne facture à quelques exceptions près où les personnages en arrière-plan ont des problèmes de silhouette. Pour le reste, l’auteur produit des planches fournies grâce à de nombreux décors dans lesquels évoluent des personnages expressifs et charismatiques. Vous l’aurez compris, qu’on ait lu ou non l’original, ce titre mérite vraiment le détour !
