L'histoire :
Ces dix dernières années, M. Li parcours la Chine, plus précisément la province de Yunnan, dans le but d’y dénicher des objets usuels en passe de disparaître. Un jour de 2009, il arrive dans la ville industrielle de Kaiyuan. Il s’arrête là pour prendre un bon déjeuner et, en discutant avec d’autres clients du restaurant, apprend que l’endroit possède un cimetière des étrangers. Un homme accepte de lui montrer l’endroit et le conduit le long d’un chemin ferré vers une stèle avec une statue posée devant, mais sur lesquelles il n’y a aucune inscription concernant ceux qui reposent en paix. M. Li appelle sa sœur pour qu’elle fasse des recherches sur Internet mais cela ne sert à rien non plus. Il va alors interroger des habitants, et l’un d’eux lui conseille d’aller à la préfecture : le cimetière a peut-être un rapport avec le chemin de fer du Yunnan dont c’est justement le centenaire. M. Li n’hésite pas à s’y rendre et va mettre la main sur des documents incroyables...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur d’Une vie chinoise et Les pieds bandés, Li Kunwu nous revient ici avec une autre œuvre nous permettant d’en apprendre plus sur le passé de son pays, dans un épisode où les français ont un rôle déterminant à jouer. Cela commence avec le voyage de M. Li qui découvre par hasard l’existence d’un cimetière des étrangers au sein d’une ville industrielle de province et, en voulant en apprendre plus sur le sujet, tombe sur des documents très intéressants relatant la construction d’un grand chemin de fer dans le pays. Outre le travail de documentation indéniable et le côté historique du sujet, le récit parvient à nous décrire une époque traditionnelle, à la fois dans la pratique de ses coutumes mais aussi dans sa façon de traiter les prisonniers. Le sujet est bien évidemment intéressant pour ceux qui veulent découvrir le passé du pays mais également pour voir le rôle qu’a pu y jouer le nôtre. De plus, en se mettant en scène, M. Li nous livre aussi son portrait et nous communique son désir d’apprentissage et d’enrichissement. Néanmoins, on regrette que la narration ne suive pas toujours, principalement à cause de son rythme : le récit est un peu trop long à démarrer et les multiples interruptions dues à des changements - dans le récit - des traductrices cassent régulièrement l’ambiance qui s’était installée. Cela sert à nous montrer que le travail de l’auteur n’a pas été de tout repos, mais cela dessert malheureusement le scénario. Du côté des graphismes, le trait de l’auteur manque un peu de précision mais n’en demeure pas moins expressif et parvient à faire passer les idées de l’intrigue. S’il est visiblement fâché avec le tramage pour rapporter un peu de nuances dans ses dessins, Li Kunwu utilise tout de même des fonds gris lorsqu’il représente des documents authentiques, et il réalise beaucoup d’aplats de noir. On notera d’ailleurs la présence des photos originelles en fin de volume. Au final, sans être le meilleur titre de l’auteur, La voie ferrée au-dessus des nuages remplit son rôle culturel : à tester pour les amateurs d’histoire.
