L'histoire :
Un air aussi lourd que chaud stagne au dessus de Hiroshima. Comme tous les ans en cet été 1955, le yûnagi (vent chaud) assomme la ville qui fête le dixième anniversaire de la bombe qui l'a frappée, elle et ses habitants, de plein fouet. Dix ans de vie aussi normale que possible et de tentative d'oubli. Hirano Minami est une Hibakusha (personne victime de la bombe) comme sa mère avec qui elle vit dans une bicoque percée, se contentant d'un quotidien sommaire et d'un maigre revenu de de couturière. Malgré cela, elle s'attire les faveurs d'Uchikoshi, l'un de ses collègues de travail. Point de précipitations cependant car le souvenir de la bombe étrangle encore le présent de la jeune femme qui a vu sa sœur mourir sous ses yeux, victime des effets meurtriers d'une explosion qui continue à tuer même 10 après... C'est aussi la raison pour laquelle son petit frère Asahi a été envoyé chez leur tante. Ainsi Nanami et Nagio, les deux enfants d'Asahi ont-ils pu connaître un quotidien quasi-normal. Il ne reste à présent à Asahi que des souvenirs de cette tragédie que Nanami et son amie Tôko découvriront au cours d'une nostalgique promenade dans la ville au pont en T...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les cerisiers fleurissent chaque année, aussi sûrement que meurent une à une les victimes de la bombe A qui frappa Hiroshima le 6 juin 1945. C'est à la fois un hymne à la vie et à la mémoire que Fumiyo Kouno, nous propose avec une simplicité désarmante dans cet excellent Gekiga. Le pays des cerisiers dessine trois tranches de vie et trois époques avec comme dénominateur commun un même sang altéré par une tragédie qui continue de faire des victimes 40 ans après. Si Hiroshima a été la source de nombreux écrits, rares sont ceux qui ont su dépasser l'événement pour se plonger dans la vie quotidienne des survivants avec autant de justesse et de pudeur. Ici les scènes d'horreur de corps brulés sont délaissées pour des blessures plus profondes, qui continuent de faire mal au fil des générations ; un devoir de mémoire comme un nuage qui n'empêche pas le soleil de briller sur les survivants et leurs enfants. Le dessin est comme tout le reste, plein de sensibilité, presque fragile et à la fois assuré. Un véritable petit chef d'œuvre d'intelligence émotionelle...