L'histoire :
Au chômage et fauché, Sôsuke n’est pas au bout de ses problèmes. En effet, un jour une femme prénommée Michi se présente chez lui avec une lettre de son père. Sôsuke n’en revient pas en la lisant : son père lui annonce que Michi est désormais sa femme car un ami dans un bar la lui a donnée, et que le jeune homme doit donc travailler pour ramener de l’argent à son foyer. Non seulement Sôsuke est choqué par l’attitude de leurs parents, mais il ne comprend pas non plus la réaction de Michi qui accepte la situation sans broncher. La jeune femme semble simplement heureuse que quelqu’un lui porte de l’attention et c’est pourquoi elle a signé l’acte de mariage. Ainsi débute leur cohabitation de couple marié : pendant que Sôsuke cherche du travail ou se fait licencier, Michi s’occupe du ménage dans l’appartement et fait les courses. Seulement, l’argent manque régulièrement et la vie est souvent difficile...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Déjà découverte chez nous, notamment avec l’excellent diptyque Pour Sanpei, Fumiyo Kouno nous présente ici une nouvelle chronique sociale : sous la forme de courts chapitres, des petites tranches de vie, on découvre le quotidien d’un couple marié à cause d’une beuverie entre leur père dans un bar, lui étant attiré par les femmes au look voyant et très clinquant, elle étant ordinaire et souvent dans la lune. Comme le titre le laisse penser, on suit donc ces deux êtres parcourir la longue route du mariage pour une destination inconnue : amour, bonheur, sérénité, ou bien regrets, amertume et déception ? Chacun y trouvera sa réponse puisque le livre se referme sans vraiment apporter de réponse. La narration est particulièrement bien maîtrisée puisque les chapitres parviennent en peu de pages à nous décrire un épisode de leur vie marqué par la pauvreté et le doute sur les sentiments de l’autre. Néanmoins, les passages à vocation uniquement comique ne fonctionnent pas vraiment et on regrette que le personnage de Michi, la jeune femme, ne soit vraiment développé qu’en fin de volume : son côté insaisissable a du mal à la rendre attachante et son personnage paraît du coup improbable avant que les explications tardives nous fassent comprendre pourquoi elle a accepté tout cela. Pour ce qui a trait aux graphismes, on note pour l’anecdote qu’un chapitre est coloré (avec une unique teinte orange), et on retrouve sans peine le style de l’auteur, simple mais expressifs et plein de sensibilité. En dehors de quelques aplats de noir et de très rares zones de tramage, tout est fait à la main, et le mangaka varie parfois de technique pour dessiner au fuseau, ce qui dégage une impression encore plus authentique et réaliste concernant l’histoire. Un titre parfois déroutant certes, mais à essayer.