L'histoire :
Ce sont les funérailles de Hatshepsout, reine d’Egypte ayant régné durant le XVème siècle avant JC. Tandis que le grand prophète d’Amon et le Vizir font son éloge en parlant de ce qu’elle a fait pour le pays, Thoutmosis III le pharaon et neveu de Hatshepsout fait son apparition alors que personne ne s’attendait à sa venue. Il était en effet en conflit avec sa tante qui lui a usurpé le pouvoir durant tant d’années mais, loin d’être seulement en colère du traitement grandiose qui lui est réservé, il cherche surtout à comprendre pourquoi. Ainsi, tout le long des diverses cérémonies qui composent ces funérailles, il va tour à tour interroger les différents hommes qui ont épaulé sa tante lors de ses années de règne, et chacun d’eux va lui raconter une partie de la vie de cette femme qui a fait prospérer l’empire d’Egypte sur le déclin depuis la mort de Thoutmosis 1er et la montée sur le trône de Thoutmosis II...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce manga est spécial de plusieurs points de vue : primo, c’est le dernier à paraître chez Milan, qui arrête ici l’aventure asiatique ; et secundo il s’agit d’un manga français. Malgré les a priori dans ce domaine, il faut bien avouer que, même si les graphismes manquent parfois de travail, l’histoire et le charme qui se dégagent de ces pages donnent à ce volume beaucoup d’intérêt. Même si l’Histoire avec un grand H n’est pas votre dada, le scénariste a suffisamment bien romancé son histoire (avec un petit h) pour rendre tout cela intéressant pour tout un chacun. Ainsi, à travers les souvenirs que ceux qui ont épaulé la reine dans l’ombre racontent au pharaon, on suit les différents moments importants de la vie de Hatshepsout, une femme intelligente et qui malgré son statut (de femme, justement) a décidé de tenir le pouvoir entre ses mains pour le bien de son pays. D’abord prenant les décisions dans l’ombre car Thoutmosis II, son mari et demi-frère, est un incapable, puis régente lors de la mort de ce dernier car Thoutmosis III, son beau-fils/neveu, est encore trop jeune d’après elle pour prendre les décisions, elle va ensuite s’autoproclamer pharaon avec le soutien du clergé et divers hauts fonctionnaires et conseillers. Mais tout cela n’est pas du goût de Thoutmosis III qui est jaloux du pouvoir et de la renommée que sa tante acquiert année après année... Le dessinateur met cela en images de manière correcte mais tout de même avec pas mal de maladresses dans les perspectives et les proportions. Le style des mangas étrangers (non asiatiques) se reconnaît du premier coup d’œil et en rebutera certains, mais le trait est sympathique. On notera par ailleurs une mise en scène intéressante même si le découpage est un peu académique, un tramage très peu travaillé, un manque de soin dans certains détails (les arbres par exemple), des décors et des arrière-plans présents, une lecture fluide... Bref, il y a du bon et du moins bon, mais le tout garde un aspect un peu amateur bien que la lecture ne soit pas vraiment gênée en cela, preuve que la qualité graphique intrinsèque ne fait pas tout dans une bande dessinée. Détail amusant et très original, le dessinateur utilise des onomatopées que l’on croit d’abord être des katakanas mais qui s’avèrent en fait être des symboles de l’alphabet hiératique, une écriture de l’époque. A la fin, un dossier bonus nous en apprend un peu plus sur certains éléments de l’époque (funérailles, religion, commerce...), notamment sur le mystère de la momie disparue de Hatshepsout qui n’a été résolu que récemment, mais quelques points supplémentaires auraient été utiles (par exemple : pourquoi Hatshepsout se fait-elle appeler Mââtkaré lors de son couronnement ? La réponse étant que ce terme signifie roi de la haute et basse Egypte, mais ce n’est précisé nulle part). En résumé, malgré des graphismes qui peuvent paraître un peu faibles, on ne s’ennuie pas à la lecture de ce manga qui nous permet, en plus, de nous cultiver en apprenant l’histoire d’une reine d’Egypte au destin particulier. Dans la même veine qu’un Bouddha d’Osamu Tezuka, une œuvre à lire.
