L'histoire :
Dans mon plus ancien souvenir, je me vois en train d’aboyer dans un carton et une petite fille me prend dans ses bras. Elle m’emmène chez elle où je suis lavé, enveloppé d’une serviette puis baptisé Happy. La petite fille, Miku, joue de temps à temps avec moi, tandis que Maman me donne à manger et Papa me raconte ce qu’il a sur le cœur lors de nos promenades. Avec le temps, les choses ont changé : Miku ne joue plus vraiment avec moi et Maman ne me donne plus à manger. Heureusement, Papa est là pour s’occuper de moi mais, là aussi, ce n’est plus comme avant : il parle moins et on va se promener plus tôt qu’avant. Le temps continue de passer et Miku et Maman s’en vont. Me voilà seul avec Papa qui n’a plus d’endroit où aller. Papa décide alors de partir avec moi en voyage dans le sud. Qui aurait pu prévoir qu’on nous retrouverait quelques mois plus tard dans un terrain vague, reposant pour toujours l’un auprès de l’autre malgré des dates de décès éloignées ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la croisée d’histoires comme Hachi et Into the wild, Le chien gardien d’étoiles nous invite à suivre un homme qui part en voyage avec son chien Happy pour quitter la société et rendre son dernier soupir en paix. Dès les premières pages, on sait déjà que le chien va être totalement dévoué à son maître mais ce n’est pas cela qui nous empêche d’être captivé par le récit. A travers les yeux du chien, on suit en effet la naissance de l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre et la force de leur attachement se fait sentir sans problème, nous emportant facilement dans leur histoire. Les monologues de l’homme sont surtout là pour nous montrer le réconfort que peut apporter un animal dans la vie et, contrebalancés par les réflexions de Happy, cela renforce l’immersion dans ce portrait intimiste. De par leur voyage en commun, tous les deux nous livrent donc le récit d’un road-trip touchant et bouleversant tant le réalisme de l’histoire nous émeut, avec un ton qui alterne entre rire et larmes sans en rajouter. On notera par ailleurs que l’intrigue occupe les deux premiers tiers du volume, le dernier étant une sorte d’épilogue où un autre homme se rend compte de tout ce que lui a apporté un chien et de l’ingratitude dont il a fait preuve vis-à-vis de l’animal. Dans les deux cas, il y a beaucoup de sensibilité et de pudeur qui se dégagent du récit et la justesse n’est pas loin de nous sortir des larmes. Grâce à un trait simple mais qui tend à sa manière vers un certain réalisme, les graphismes font eux aussi ressortir toute cette émotion. Quelques pages ont un découpage original mais toutes font preuve de dynamisme et les cases sont fournies. Expressifs, les personnages possèdent un certain charisme et le tramage est varié. On regrette néanmoins que les lignes manquent parfois de soin et de précision mais cela n’entache pas le plaisir de la lecture. Pour ce qui est de l’édition, on apprécie la qualité du papier et de l’encrage, et on remarque que les onomatopées et inscriptions des décors sont traduites sous les cases, ce qui fera plaisir aux puristes (car cela évite de dénaturer les dessins). Au final, voici un titre tout simplement émouvant à découvrir de toute urgence.