L'histoire :
Après être parti vivre en province pour des raisons professionnelles, Xiao Zhe est de retour à Pékin. En roulant dans les ruelles des vieux quartiers, le jeune homme se rappelle sa jeunesse avec ses amis de l’époque. Dire que, dans un mois, la sœur de son meilleur ami Ah Yuan se marie ! Ils ont bien grandi depuis l’époque où lui, Ah Yuan et Wang Damao habitaient côte à côte et allaient à l’école primaire. C’est à cet âge là qu’ils ont connu leur première bagarre pour une histoire de billes. Mais avec son déménagement dans la banlieue sud, Xiao Zhe a perdu ses amis de vue. C’est au collège qu’il s’en fit alors de nouveaux, une bande de quatre gentils indisciplinés avec qui ses liens devinrent plus forts après qu’ils se soient battus ensemble contre des élèves plus âgés qui voulaient les racketter. Cet événement leur fit ensuite jouir d’une certaine réputation dans le milieu des loubards qu’ils commencèrent alors à fréquenter. Plus tard, Xiao Zhe rencontra le chef de la bande de la banlieue sud et lui vint en aide dans une bagarre très violente contre des membres de la bande de la banlieue ouest. C’est dans cet affrontement sanglant qu’il retrouva alors son ami Ah Yuan… dans le camp adverse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inspiré de la jeunesse de l’un des membres du studio Ji’An (qui tire bien évidemment son nom de celui de l’auteur), Gangs de Pékin donne un aperçu de la vie de la jeunesse chinoise des années 90 à travers le chemin du jeune homme dans le monde des gangs. Loin des histoires habituelles du même genre où il s’agit surtout de se faire respecter comme étant le plus fort, ici, l’insertion de Xiao Zhe dans ce monde sonne vraie et se fait au gré d’événements et de rencontres qui auraient pu arriver à presque n’importe qui. Les bagarres n’y sont pas sans réelles conséquences (tendons sectionnés, œil crevé…) et les quelques histoires d’amour qui parsèment le récit ne sont pas non plus exagérées. En bref, ce ton réaliste permet d’autant plus l’immersion du lecteur et fait de l’histoire une sorte de reportage social inédit sur une certaine jeunesse chinoise. Malgré la dureté de certains passages, le ton général est légèrement mélancolique, celui d’un narrateur qui passe en revue sa jeunesse comme étant les meilleures années de sa vie, la période de toutes les découvertes qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Le tout est mis en images de manière réaliste la plupart du temps, en dehors bien sûr des quelques mimiques comiques des protagonistes lors de moments plus légers. Rien ne manque dans ces planches : décors travaillés, effets de style réussis (jeux de lumière, flou des mouvements rapides, variation du style graphique en fonction des sentiments de colère ou d’amour du héros…), mise en couleurs superbe bien que parfois un peu trop prononcée (mais le travail sur la lumière en fonction de l’heure est magnifique), découpage et mise en page recherchés… Une chronique sociale dépaysante, intéressante et graphiquement impeccable. A ne pas rater.
