L'histoire :
De jours, deux hommes cagoulés pénètrent discrètement dans un immeuble parisien. A l’aide d’une bombe miniature, ils font sauter la serrure d’un appartement et flinguent aussitôt le garde du corps armé qui se trouve derrière. Ils ne laissent aucune chance non plus au cadre du Hammas syrien qui se trouve dans le bureau adjacent : ils vident sur lui les deux chargeurs de leurs pistolets mitrailleurs. Toutefois, en repartant, Roni, l’un des deux commandos, se fait dégommer sur le trottoir par un mystérieux sniper embusqué. Les derniers mots qu’il prononce à l’intention de son ami Ben sont « Ils savent… Eichmann… ». Un troisième larron les exfiltre en voiture, jusqu’à leur repaire à bord d‘une péniche. Tous sont membres du Mossad, les services secrets israéliens. Dans les jours qui suivent, ils rapatrient la dépouille de leur ami au pays, pour de douloureuses funérailles. Ben se demande toutefois ce qu’a voulu dire Rani dans son agonie. Quelques décennies plus tôt, leurs pères à tous deux avaient été les agents du Mossad qui s’étaient occupés d’Adolph Reichmann, le dignitaire nazi qui avait organisé l’extermination juive. Ils étaient allé le débusquer en Argentine et l’avaient ramené de force – et en catimini – en Israël pour qu’il y soit jugé et pendu. Aujourd’hui, à ce sujet, on en sait plus qu’on n’en dit, dans les hautes sphères du Mossad…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La lutte anti nazi des juifs survivants à la shoah est devenue besoin viscéral de justice d’un peuple martyr et s’est dotée d’un organe légendaire, au sein de l’état nouveau d’Israël : le Mossad. Aujourd’hui, le Mossad est toujours l’un des services secrets les plus puissants de la planète, usant de méthodes « directes », faisant souvent fi de la diplomatie internationale. Avec l’aide du scénariste Pierre Boisserie, Frédéric Ploquin, grand reporter pour l’hebdomadaire Marianne, tisse ici un thriller d’espionnage solidement ancré dans la réalité géopolitique du proche orient. D’une part, le récit se nourrit du front actuel du Mossad, qui lutte contre la mouvance islamique radicale (l’armement du Hammas). D’autre part, il entremêle en flashback la plus célèbre chasse entreprise par le Mossad : en 1960, celle d’Adolph Eichmann, le criminel de guerre nazi responsable de la solution finale. Cette double intrigue fonctionne très bien dans cet épisode pilote, car elle est justement rythmée et délicatement didactique. Les encrages semi-réaliste de Siro sont certes élégants et participent d’une veine graphique cohérente… mais ils ne parviennent pas toujours à distinguer les personnages entre eux et de fait, on ne s’attache pas (encore) à ce jeune « héros » trahi par sa propre idéologie. Cela dit, on ergote un peu, car ce premier épisode vraiment captivant occupe plutôt le haut du pavé dans le registre de l’espionnage crédible…