L'histoire :
Videl est une provinciale qui vient d'avoir le BAC. Ses parents se sont saignés au quatre veines pour pouvoir régler les frais d'inscription de la prestigieuse Ecole de la Borbonne. Il ne reste plus à la future étudiante qu'à trouver un job pour pouvoir assumer son loyer. Inutile de compter sur le FROUS, qui gère les logements en cité U. Elle décide donc de chercher dans le parc privé. Bien vite, elle réalise qu’aujourd’hui, un placard à balais à Paris peut être synonyme de Jackpot pour des propriétaires peu scrupuleux... Patience et détermination lui permettent finalement de goûter aux joies de la colocation. Mais elle doit aussi résoudre une équation à deux inconnues. Primo, comment éviter les notes catastrophiques quand on doit bosser à temps plein chez McBouffe pour payer sa part de loyer ? Secundo, comment s'intégrer dans une promo qui ne compte que des fils de familles richissimes ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si par hasard vous preniez le train en marche, sachez que Cyndi Barbero, alias Yutuu, âgée d'à peine plus de 20 ans, dispose d'un sérieux bagage technique en arts et comm'. Agitatrice de la blogosphère, elle publie déjà son troisième album, où l'on retrouve son personnage de Videl et ses galères. L'opus précédent était quasi exclusivement centré sur la personnalité de la jeune Videl et son parcours de combattante. Dur-dur d'être candidate à un logement (indigne) dont le bail est exorbitant ! Ici, Yatuu consacre logiquement plus de place aux interactions entre les personnages, essentiellement des étudiants de sa promo'. Sa vie sociale s'enrichit, mais ce n'est pas le cas de son compte bancaire. En jouant à plein sur les stéréotypes, l'auteure déroule une première moitié d'album au scénario des plus simples. Cela lui permet de mettre en évidence la culpabilité de ne pas avoir d'argent quand son entourage social n'en manque jamais. Dans la seconde partie, elle étale son militantisme. Car Videl va intégrer un squat où, enfin, elle connaît la mixité sociale. Les valeurs de solidarité, y compris intergénerationelle, s'y expriment. Qu'on soit retraité, travailleur pauvre, d'origine étrangère ou issu de l'immigration, l'exclusion sociale par le logement frappe tout le monde. Et une terrible piqûre de rappel nous est administrée : 2 millions de logements vaquants et 10 millions de mal logés : cherchez l'erreur. Le trait simple, souple et nerveux de Yatuu est en parfaite adéquation avec son ton léger, empruntant parfois au manga l'art de caricaturer les visages exaspérés. Avec ces deux tomes, Yatuu démontre de façon simple qu'on peut aborder des sujets graves avec un ton léger. Un diptyque sympathique et engagé à la fois.