L'histoire :
Videl vient d'avoir son BAC. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, elle est admise dans la prestigieuse École de la Borbonne. Finie la vie chez les parents ! Première étape : trouver un appart'. Inutile de compter sur le FROUS, qui ne retient qu'une candidature sur 13. Et bien vite, la campagne de recherche prend des allures de Bérézina : impossible de trouver un logement digne et financièrement accessible à moins de 120 kms de la fac ! Pourtant, Videl ne demande pas grand-chose : un studio, si possible sans cafard ni champignon, des fenêtres avec des vitres, un loyer non négociable contre des marques d'affection, et peut-être une surface supérieure à celle des toilettes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parue initialement en 2012 en 2 volumes chez 12 Bis, cette BD avait bénéficié d'un sacré buzz, pour ne pas dire que bon nombre de médias l'avaient encensée. Quatre ans plus tard, le thème que Yatuu traite avec un humour et des dessins légers reste d'une cruelle actualité : la crise du logement qui met en galère l'immense majorité des étudiants (en particulier Parisiens) n'a pas du tout été réglée. Génération mal logée reste donc tout à fait actuel. Yatuu, alias Cindy Barbero, une artiste de la blogosphère BD, invite ainsi le lecteur à suivre les petites misères et les états d'âme d'une étudiante provinciale admise à La Sorbonne. Si sa BD est sympathique, le ton juvénile et l'humour gentilloux sauront séduire un public jeune, mais le format copieux (plus de 200 pages) finit par ôter au récit un peu de son intérêt. Le personnage de Videl est certes attachant, mais il est tellement stéréotypé qu'il en devient aussi attachiant. C'est mignon, c'est plein de bons sentiments, ça traite d'un sujet grave avec plein de légèreté, mais si on devait avoir la dent dure, on vous dirait aussi que c'est bien trop soft et politiquement correct pour avoir un réel impact sur le lecteur. Videl galère, Videl a honte de sa situation quand ses collègues de promo' sont blindés de thunes, Videl s'engage pour légaliser les squats, mais Videl semble n'exister que dans ce récit. C'est aussi le paradoxe : à vouloir se frotter à un réel problème de société, camper un personnage bien trop idéal avec un dessin à l'esthétique très policée peut aussi donner au lecteur l'impression d'un contresens, même si son esthétique est plutôt réussie...
