L'histoire :
En juin 1978, le jeune professeur américain Sagan était emmené par des hauts gradés militaires anglais, suivant un protocole de confidentialité ultime, avec un bandeau sur les yeux, dans une base secrète écossaise. Un colonel sans nom l’avait alors emmené d’ascenseurs en couloirs, à travers un gigantesque réseau souterrain, jusqu’à la cellule d’un prisonnier… ou peut-être d’une prisonnière : l’énigmatique personne se trouvant assise, face à une vitre sans teint, changeait de sexe selon les observateurs. Et sa personnalité était un mystère aussi ténu que sa capture avait été rocambolesque, en juillet 1941. A l’époque, c’est un dénommé Ian Flemming, qui avait imaginé un piège tordu pour s’emparer des codes transportés par un U-boot allemand. Il avait alors fait croire au torpillage d’un autre sous-marin du Reich, abandonnant dans l’eau, parmi des débris fictifs, 3 agents anglais germanophones se faisant passer pour des rescapés. A défaut de codes, ces derniers avaient rapporté cette enfant énigmatique au terme d’une périlleuse prise de guerre. Cette « créature » a-t-elle un lien avec le fléau qui angoisse l’humanité, en cette année 2035, le fameux syndrome 6/3/27 ? A partir de juin 2012, ce fléau a provoqué la mort instantanée de tous les enfants âgés de 6 ans, 3 mois et 27 jours. Et s’il ne s’est plus reproduit depuis que tous les enfants ont été éradiqués, c’est qu’il s’accompagne d’un autre phénomène tout aussi inquiétant : toutes les femmes du monde sont devenues stériles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un scénario mijoté par Laurent-Frédéric Bollée, vous n’espériez tout de même pas de prompts éclaircissements au mystérieux syndrome 6/3/27 ! Ce diable de scénariste a fait sa spécialité de la surenchère dans le suspens et des rebondissements spectaculaires. Comme il fallait s’y attendre, il reprend donc là où on ne l’attendait pas (sic). Ce second opus enchevêtre de nouveau les époques et les énigmes, en un puzzle narratif dont la machiavélique complexité confine au sadisme. Certaines séquences développent copieusement les origines du fléau (astrologiques ? mystiques ? scientifiques ?), à travers des contingences secrètes de la seconde guerre mondiale. On assiste donc à l’exécution d’un plan tarabiscoté imaginé par le futur papa de James Bond et dont la finalité se révèle imprévue. D’autres séquences se déroulent dans un contexte d’anticipation proche : pourquoi les enfants y meurent-ils ? Quel sens confèrent les 4 idoles proclamées à l’extinction de l’humanité annoncée ? On verra cela plus tard, car un second syndrome est énoncé : les femmes sont stériles. Enfin, une troisième piste progresse également en Ecosse, à travers l’enquête sur les attentats d’Adélaïde. Bref, ce thriller d’anticipation et d’espionnage est pour le moment parfaitement distribué, inextricable, haletant et donc jouissif. En outre, l’auteur qui dessine plus vite que son ombre Igor Kordey est nettement plus appliqué pour le dessin réaliste de cette série, que pour l’harassante Histoire secrète (dont le tome quarante-douze sort de concert). Une mention spéciale à la couverture, qui fait vraiment des appels du pied…