L'histoire :
Durant l’été 1209, l’Occitanie est ravagée par des conflits de religions particulièrement sanglants. A l’image de Béziers, plusieurs villes cathares sont attaquées par les armées de l’Eglise de Rome qui souhaite éradiquer le schisme hérétique. A la tête des catholiques, le cruel évêque Aguilah de Quilan ne fait pas de quartier. A ses côtés, le roi des ribauds Lansquenet traque sans répit le troubadour Escartille de Puivert. Chacun d’eux détient la moitié d’une précieuse carte, menant au « trésor des templiers » rapporté de Terre Sainte et enterré en secret au fond d’une mystérieuse grotte. Or, après avoir réussi à capturer Escartille, et au moment où Lansquenet s’apprête à le torturer, le troubadour est sauvé par la chute d’un boulet de canon. Escartille repart de Bézier en ruine et en feu, dépité par l’ampleur de la bêtise et de la cruauté humaines. La route de Toulouse étant coupée, il trouve refuge derrière les murailles de Carcassonne, auprès du vicomte de Trencavel. Celui-ci reçoit alors justement le roi Pierre II d’Aragon qui se propose en tant que médiateur entre les cathares et l’Eglise. Escartille en profite pour tomber follement amoureux, au premier regard, de la fille de son plus proche chevalier, la belle et farouche Louve…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès l’entame du second opus de cette aventure médiévale légèrement teinté d’ésotérisme, la traque se resserre sur le jeune héros Escartille, détenteur de la moitié d’une carte menant au mythique trésor des templiers. S’agit-il d’ailleurs d’un « trésor » dans le sens communément admis ? Il faudra encore attendre les prochains tomes pour le découvrir (peut-être). Plus largement, c’est l’éradication des cathares qui prend cette fois toute son ampleur, dans ce qu’on résume aujourd’hui par « la croisade des albigeois ». Sous l’égide du pape Innocent III, des barons catholiques du centre de la France se sont effectivement lancés dans une croisade occitane entre 1208 et 1211, pour éradiquer le danger que représentait la contre-église du catharisme (défendue par le conte Raymond VI de Toulouse, le vicomte Trencavel et le roi Pierre d’Aragon). L’écrivain et scénariste Arnaud Delalande s’appuie ainsi de nouveau sur les évènements authentiques qui ont marqué cette époque (le carnage de Béziers, l’expulsion des habitants de Carcassonne, la bataille de Muret…). Il trouve de la sorte le juste compromis entre la romance héroïque et l’Histoire admise. Son récit est suffisamment documenté et précis sur l’époque pour être didactique, et toutefois rythmé par moult ingrédients narratifs pour ferrer le néophyte : un conflit de religion exacerbé, des combats particulièrement âpres, la traque concentrée sur un homme, des pourparlers « politiques », la quête d’un trésor mythique et… une belle idylle ! Mais si l’aventure est aussi palpitante, elle le doit aussi au dessin soigné et réaliste d’Eric Lambert. Le dessinateur ne ménage pas sa peine, notamment pour les séquences de batailles mettant en scène des centaines de combattants, ou les vues plongeantes sur les villes. Cette vaste et tragique saga historique se poursuivra dans un tome 3 sans doute riche en révélations…