L'histoire :
A Lyon, en 2046, le vieux Jean-Yves Brückman reçoit un courrier du Japon qui l’aide à se remémorer sa jeunesse. En effet, au début des années 2000, alors qu’il était un jeune homme, il a effectué un long séjour à Tokyo. A cette époque, il vit avec Julie, avec qui cela ne se passe plus très bien. Lors d’une soirée, il tombe sous le charme de Kayoko, une jeune japonaise, qui devient le sujet d’engueulades. Puis Julie doit partir une année à Berlin, pour ses études. Comme souvent, loin des yeux, loin du cœur : Julie noue une idylle allemande, tandis que Jean-Yves concrétise avec Kayoko. Lorsque cette dernière, ses études terminées, doit s’en retourner dans ses pénates, Jean-Yves lui promet d’aller la voir rapidement. Dans un premier temps, il ingurgite une foule de connaissances à partir de guides touristiques et apprend même à parler le japonais. Puis il tient promesse et obtient un visa pour le japon. Il y débarque en pleine mousson, et se trouve avant tout focalisé par des odeurs nouvelles, et une impression de gigantisme. Il se rend à la « guest-house » qu’il a réservé et rêve de ses retrouvailles avec Kayoko. Pourtant, quand il vient toquer à sa porte, le lendemain, c’est un bien désagréable accueil qui lui est réservé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce petit ouvrage souple de 92 planches, en quasi-noir et blanc (les niveaux de gris tendent vers la bichromie), Benjamin Reiss nous raconte le déracinement d’un jeune dessinateur français au pays du soleil levant, à l’instar de la référence du 7e art en la matière, Lost in translation. Or, le fait que l’auteur ait lui-même vécu 6 années au Japon, accorde à cette histoire un puissant parfum autobiographique… Difficile de savoir quelle est la part de réalité et de fiction ; toujours est-il que le héros de cette aventure simple, humaine et sensible, ne s’appelle pas Benjamin Reiss, mais Jean-Yves Brückman. Le ton narratif employé facilite l’assimilation au personnage et suscite la curiosité : on se retrouve rapidement aspiré par ce voyage instructif. Cette expérience enrichissante amènera le jeune homme à travailler pour des mangakas (dessinateurs de mangas) et à devenir surveillant de jeunes dans un lycée français. Le dessin simple et appliqué alterne des traits volontairement nigauds (la tête du héros, hyper sommaire), des négligences de proportions étonnantes, et d’autres aspects beaucoup plus chiadés : certains décors ou personnages… Ces différences ne plaident pas en faveur d’une cohérence visuelle d’ensemble, mais n’empêchent pas de passer un agréable moment de lecture, à la découverte d’un pays doté d’un riche potentiel de séduction. Au terme de la lecture, une question reste éternellement en suspens sur l’ouvrage : est-ce un manga, un comics ou d’obédience franco-belge ?