L'histoire :
En février 1985, Nelson Mandela croupit en prison depuis plus de vingt ans ! Pour avoir refusé les lois de l’apartheid, il a été condamné à perpétuité, dans l’indifférence générale. Pourtant, le vent tourne en Afrique du Sud et les mentalités changent. Trois ans plus tard, le président accepte de libérer Mandela, mais ce dernier refuse de sortir : tant que les noirs n’auront pas les mêmes droits que les autres, il ne s’estimera jamais libre, qu’il soit incarcéré ou à l’extérieur. Comment un homme peut-il aller ainsi jusqu’au bout de ses convictions ? Il faut remonter à l’enfance de Mandela pour comprendre ce destin unique. Il naît en juillet 1918 et ses parents lui donnent comme nom « Rolihlahla » ce qui signifie « le fauteur de troubles », un nom prédestiné. Son père obtient une place importante auprès de son patron. Pourtant, un magistrat blanc lui demande de venir à la cour pour régler un problème. Le père refuse de s’y rendre car il n’a pas le temps. Pour se venger, l’administration blanche l’empêche d’atteindre les sommets et il perd son poste. L’enfant apprend de nombreuses légendes sur des tribus africaines qui ont résisté à l’envahisseur anglais. Les parents décident de le mettre à l’école dès l’âge de sept ans. L’institutrice tient à ce que chaque élève ait un prénom anglais. Rolihlahla s’appellera désormais Nelson Mandela...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Trois mois après la mort de Nelson Mandela, la collection 21g destins d’histoire revient sur la vie et le parcours exceptionnel de l’homme qui aura marqué le monde entier par sa lutte contre le racisme. Comme le titre l’indique, Lewis Helfano se concentre sur le destin de Mandela et son engagement perpétuel pour la liberté de son pays et du peuple noir. Dans une série d’épisodes, on revient sur le combat incroyable de Rolihlahla (le fauteur de troubles), de son enfance jusqu’à son accession à la présidence et la fin de sa vie. Les auteurs n’oublient aucun fait marquant dans la vie d’un homme qui aura subi la grande histoire avant de la transformer : des conditions uniques des lois de l’apartheid à la création de l’ANC (ligue de jeunes étudiants noirs), de son mariage avec Evelyne Mase à la fondation d’un cabinet d’avocats avec Tambo, de l’arrestation à la ferme Lillesleaf jusqu’à la vie terrible sur Robben Island, la prison la plus dure du pays… Dans un récit très linéaire et qui saute de dates en dates de façon mécanique, la puissance du récit réside tout simplement sur la beauté envoûtante de Nelson Mandela : sa vie à elle seule suffit à faire un album passionnant et profond. Les auteurs parviennent à toucher le lecteur en alliant habilement grandes étapes historiques et détails intimes de Mandela. Ainsi, on apprend quelques pratiques insupportables de l’apartheid et on découvre des détails méconnus de la vie de Mandela, qui l’élèvent au rang de héros : enfermé pendant plus de la moitié de sa vie, Mandela n’aura pas pu voir la naissance de certains de ses enfants et n’aura même pas pu assister à l’enterrement de sa mère… L’homme restera décidément grand jusqu’au bout puisqu’il démissionnera après son premier mandat de président, estimant qu’il a réalisé sa mission. Le propos est d’autant plus efficace que le ton est neutre, les auteurs n’en rajoutant pas sur le mythe. Les faits se suffisent par eux-mêmes à en faire un héros et nul besoin d’hyperboles pour magnifier un homme magnifique par son engagement et son courage pour le bien des autres. L’album est aussi remarquable par le graphisme de Sankha Banerjee qui représente fidèlement les visages des protagonistes de cette époque. Le noir et blanc charbonneux est plein de force et d’émotions pour peindre cette période sombre de l’apartheid, avant de finir par un récit coloré et empli d’espoir. On pourra juste regretter des erreurs flagrantes dans la finition avec des coquilles de pagination et d’orthographe. Le tout reste un témoignage prenant et émouvant sur l’Homme du XXIème siècle qui aura relevé les noirs avec détermination et dignité.