L'histoire :
Mickaël, garde forestier œuvrant au sein de la forêt Noire, vit en parfaite harmonie avec la nature dans laquelle il a grandi. Sa présence est tolérée par les animaux, mais aussi par les braconniers repentis ou les bucherons. Tout comme sa demeure « l’office de la Forêt Noire » imbriquée au sein des arbres, il ne semble faire qu’un avec un environnement qu’il s’efforce de protéger des agressions extérieures. Mais un matin, alors que Mickaël contemple cette nature dont il est garant, il assiste, impuissant, à la mise à mort du grand cerf par un braconnier en jogging. Saisi d’effroi face à la dépouille de cet ami agonisant qui lui affirme « Moi, je suis de la forêt », le garde-forestier démissionne et erre inlassablement. Non seulement il a échoué dans sa mission, mais il a compris que lui, ne serait jamais un élément de la forêt. « La forêt est la terre des bêtes sauvages. Nul homme n’y sera jamais le bienvenu. C’est comme ça, c’est la règle ancestrale de la forêt Noire ». Commence alors pour Mickaël un voyage introspectif et fantastique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2016, Fabien Grolleau avait offert en tant que scénariste le somptueux Sur les ailes du monde, Audubon consacré à Jean-Jacques Audubon, naturaliste et peintre ayant sillonné les États-Unis au début du XIXème siècle. C’est ce même goût pour la nature et sa sauvagerie, que l’on retrouve aujourd’hui dans Mickaël ou le mythe de l’homme des bois, projet sans doute le plus personnel de l’auteur et dont les prémisses étaient lisibles en ligne dès 2007. A la lecture du sous-titre de l’ouvrage, on pourrait imaginer être confronté à une thématique purement contemplative et naturaliste ou encore à une nouvelle ramification du livre Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau. Tout cela est vrai. Mais Fabien Grolleau réussit à s’émanciper de ses modèles en privilégiant la fantaisie dans son récit. On sera surpris à chaque instant d’y découvrir une nature qui parle, se réunit, disserte, une nature où les bucherons ressemblent à s’y méprendre aux Pieds Nickelés, une nature qui évoque parfois l’expressionnisme des scènes nocturnes de La nuit du chasseur, plus que la retranscription contemplative d’un récit de voyage. Le trait de Fabien Grolleau s’apparente à une écriture faite de liberté et de vivacité. Quant aux lavis utilisés pour la mise en couleur, ils permettent d’évoquer des zones enfouies sans jamais les préciser. Au final, le plaisir de lecture est immense tant pour les yeux que par l’ingéniosité de l’écriture.