L'histoire :
Il y a très longtemps, les anges ont disparu de la terre et ils sont partis loin. Tous sauf un, dérangé dans sa retraite, par les humains qui se faisaient massacrer par un démon. Alors l’ange est revenu faire le job, botter les fesses du démon, tout ça... Mais un ange, c’est gentil. Alors il botte les fesses du démon, et comme il le bat dans un désert, il crée une prison magique en promettant que le démon pourrait s’en sortir lorsque 100 000 âmes seraient sur son dos. Et l’ange s’en va (loin, etc.). Pas de bol, quelques centaines d’années plus tard, à la place du désert, une ville s’élève. Katharz, ville du crime et du vol, mais pas du viol : la tyranne Ténia Arsnik ne le supporte pas. Du meurtre, mais pas de la torture : la tyranne la punit sévèrement. Katharz, ville de la peine de mort, qui maintient bon an mal an sa population aux alentours de, disons… 99 000 âmes… Est-ce que les habitants le savent ? Non. Est-ce que dame Carnasse, la plus puissante sorcière du monde, le sait ? Probablement. Mais pour l’instant, elle cherche un nouvel apprenti, le denier vient de se faire sauter avec tout le reste du pâté de maison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence avec une prophétie. Une espèce d’évangile pompeux, qui rapidement part en vrille. Le discours théologique devient ironique, et s’auto-ridiculise. Il semblerait bien qu’on soit enfermé dans le studio Gottferdom… Mais oui, mais oui ! Audrey Alwett, scénariste de Princesse Sara, est un membre éminent du studio dont le cri résonne du plus profond de la gorge large des Trolls Troyens (ou troyards, va savoir). Est-ce que ça se sent ? Oui, mon capitaine. En fait, c’est ce qui fait que Les Poisons de Katharz est une réussite, et que ça aurait pu tout aussi bien être de la bouse de pétaure. Audrey Alwett maîtrise à la perfection une narration qui se déconstruit elle-même. Tout est décortiqué, désarticulé, désacralisé. Résultat ? Alwett est dans une réelle connivence avec les lecteurs, leur montre les forces de ses personnages, et leurs faiblesses dans le même temps, les grandes règles de son monde. Mais en même temps, elle démontre que ce sont toujours les mêmes règles dans tous les mondes, à toutes les époques, et qu’elles sont toujours aussi ridicules. De fait, le pouvoir en prend pour son grade, le machisme aussi, les postures faussement rebelles encore plus, et le mythe du sauveur est éparpillé façon puzzle, mais un puzzle malin et marrant. Du coup, le lecteur en redemande, et d’autant que tout le récit est émaillé de dizaines de références à l’actualité, à la politique, à la BD, à la littérature, et qu’il faudrait une deuxième, une troisième lecture pour s’éclater encore plus. Un seul bémol : ses dessins sont nuls (et pour cause, il s'agit d'un roman...).