L'histoire :
« Il y a plusieurs sortes d’addictions. Celles que tu caches aux autres, celles que tu regrettes, celles que tu ignores avoir, celles que tu nies, celles qui affectent ton entourage, celles qui passent inaperçues… Certaines dépendances sont plus mal vues que d’autres, certaines sont socialement acceptées et ne sont même pas considérées comme des addictions. Mais une addiction, aussi minime soit-elle, peut changer ta vie pour toujours. En particulier quand tu en perds le contrôle. » La blonde et urbaine Sophie, elle, est accro aux jeux dans les casinos. Elle a beau fréquenter des séances de psychologies en groupes, elle finit toujours par retourner sur une table de jeu et par miser ce qu’elle ne possède pas… par s’endetter… tragiquement. Entre deux, elle se confie à sa vieille amie d’enfance, qui elle est cleptomane compulsive. Elle ne peut pas s’empêcher de piquer des trucs dans les magasins, même si elle n’en a pas besoin… et elle regrette toujours amèrement. Celle-ci sonne souvent le rappel à sa sœur Brigitte, qui elle est tellement accro au boulot, qu’elle en oublie sa famille. Toutes trois croisent par moment Marie, qui est dépendante du sexe. Elle en a tout le temps envie, avec plein de mecs différents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde est plus ou moins intoxiqué à quelque chose, c’est d’ailleurs ce qui fait le pluralisme et qui constitue le moteur de la communauté humaine. Ça peut être la clope, l’alcool, les femmes, le jeu, le mensonge ou, puisque vous êtes sur ce site, la bande dessinée – une addiction que l’on connait bien sur planetebd.com. Le scénariste Josep Busquet propose ici un petit catalogue d’addictions tragiquement typiques, subies par cinq personnages qui s’entrecroisent, à la manière d’un récit choral. Tour à tour, on croise ainsi la droguée aux jeux, l’accro au sexe, l’addict au travail, la cleptomane et la mythomane. Etonnamment les protagonistes sont toutes des femmes, mais il n’y a vraisemblablement aucune suspicion de misogynie dans le propos. Certaines se connaissent, d’autres non, mais elles ont en commun de ne pas savoir contrôler leur dépendance, et d’en subir toutes des conséquences réellement néfastes, pour elles et leur entourage. Le récit n’offre aucune porte de sortie, aucune rédemption : la perte de soi dans l’addiction est la finalité. Et l’on découvre qu’il suffit d’une simple addiction pour forger un profil psychologique crédible au sein d’un thriller. En plus de proposer une étude psychologique multiple, le récit se suit donc avec de gros morceaux de tension, un suspens qui s’enrichit des ambiances prégnantes mises en scène par Pedro J. Colombo. Le dessinateur espagnol déroule sa griffe maîtrisée semi-réaliste, semi-stylisée, pour une immersion parfaitement coupable dans ces personnalités dépendantes en perdition. Mention spéciale pour la couverture aussi abstraite qu’esthétique et explicite ! Allez, une dernière et après j’arrête.