L'histoire :
Automne 1946. Hitler est mort 5 ans auparavant. L’Allemagne nazie a gagné la guerre à l’Ouest et étend son emprise sur les ex-colonies de ses défunts ennemis européens. L’Afrique porte le sceau « gammé ». Les rivalités internes au Reich poussent la SS à rependre à la Wehrmacht le contrôle du Congo belge, riche de ses mines d’uranium (…). L’hiver suivant, le leutnant Schell et ses hommes sont dépêchés sur place afin de traquer un petit groupe de résistants français. Les nouveaux maîtres du continent noir se heurtent en effet aux exactions répétées du Colonel Leclerc. Sous une pluie battante, l’officier teuton débarque ainsi au beau milieu d’une jungle de près de 2 millions de km², accueilli par les feux nourris des rebelles indigènes – appelés « Bakongos » – et de son supérieur, le sulfureux Skorzeny…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La référence est prégnante – graphiquement notamment – et les auteurs ne s’en cachent pas. Sur ce second one-shot issu de l’univers uchronique débuté avec Block 109, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat se sont inspirés du chef d’œuvre cinématographique signé Coppola, Apocalypse now. Le pitch : un escadron de SS est dépêché en pleine jungle congolaise afin de traquer la résistance locale emmenée par le fameux Colonel Leclerc. L’expédition aurait pu se résumer à une chasse entre militaires, si « l’élément indigène » ne s’était invité à la fête (…). Conduite dans une atmosphère tropicale, sous une pluie incessante, l’Opération Soleil de plomb offre un huis-clos du genre prenant, jouant avec les codes (du genre) et les faux-semblants. Augmenté jusqu’à 66 planches – au regard de son devancier « étoilé » un peu court – cet album se révèle assurément plus convaincant. Côté histoire, le récit comporte tous les ingrédients nécessaires à l’intrigue – mise en place efficace, personnages patibulaires, ambiance moite, etc. – et la chute, sans réellement surprendre, s’apprécie de la meilleure des manières. Tel est pris qui croyait prendre. Côté dessin, les quelques imperfections des débuts sont progressivement gommées, tout en préservant le caractère « lumineux » du résultat. A l’instar de la couverture, une dominante jaunie baigne les planches régulièrement cinglées par les éclairs d’une lumière blanche crépusculaire. Le lecteur s’échappe de cette petite virée en enfer rassasié et ragaillardi. Une sorte de Vietnam nazi augurant bien du feu nucléaire promis à New York en fin d’été prochain…