L'histoire :
Nantes, été 1839. Jules n'est encore qu'un enfant, mais son imagination et sa curiosité le conduisent à monter à bord d'un navire faisant amarre. Il est bien conscient qu'il fait une grosse bêtise, mais peu lui importe. Faire glisser une drisse dans sa poulie, jeter un coup d’œil à la cale et s’enivrer de ses odeurs de goudron et d'épices qui s'entremêlent, quelle joie ! Puis il revient vers la dunette, progresse jusqu'au carré, avec sa table de roulis et accède même à la chambre du capitaine. Un fort joli coffret se trouve sur le bureau. Jules l'observe sans le toucher et sort. Comment pourrait-il deviner que, presque 30 ans plus tard, l'astrolabe contenu dans cette boîte le conduira à vivre une extraordinaire aventure ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Jules Verne a inspiré bien des ouvrages et adaptations, y compris en BD, peu d'albums lui rendent un aussi bel hommage que ce 1er volet. Dès la 1ere page, on est absorbé par l'élégance du texte et la beauté de la narration graphique. Il faut croire qu'Ester Gil aime les hommes de lettres. Il y a 3 ans, elle consacrait à Victor Hugo un album (Victor Hugo : Aux frontières de l'exil). Cette fois-ci, c'est l'ambassadeur mondial de la littérature française du XIXème qui devient l'objet du travail de la scénariste. Plutôt que de choisir un angle biographique, elle fait du romancier extrêmement populaire le protagoniste de ses propres aventures. Le procédé narratif s'avère totalement réussi : dans le même temps que le lecteur focalise sur la psychologie du personnage, il est happé par les évènements qui se succèdent. Le Paris Haussmannien, Londres et l'Amérique sont autant d'escales dans ce voyage qui embarque le lecteur. Esther Gil réussit donc à reprendre à son compte ce qui caractérise la littérature de Jules Verne : divertir le lecteur et lui proposer un cadre instructif, sans aucun temps mort. La qualité du récit se trouve renforcée par les sublimes dessins de Carlos Puerta. Qui a déjà lu les albums illustrés par l'artiste espagnol ne sera pas surpris de la beauté qu'il insuffle à ses pages. Plus que jamais, les influences qu'il puise dans la peinture trouvent un terrain idéal d'expression. On imagine que le travail de documentation a du être colossal pour les deux auteurs. Quand Esther Gil endossait le rôle de rat de bibliothèque, écumant les musées consacrés à Jules Verne, Carlos Puerta devait compiler une tonne de documentation sur l'architecture des villes et les caractéristiques des contrées traversées par les frères Verne, sans parler des navires, calèches et costumes. Bref, le souffle épique de l'aventure, comme elle était façonnée au XIXème siècle, parcourt cet album. Un brin de mystère, un soupçon de fantastique et un dessin qui vous scotche. De quoi ravir les méninges et éblouir les rétines !