L'histoire :
La vie d’Amédée, clochard barbu et bourru, a pris un nouveau sens le jour où un notaire lui a annoncé qu’il héritait d’un pavillon de banlieue, et que l’obscure tante testatrice raccordait ce bien immobilier aux bons soins envers son fils trisomique Nicolas. Or Nicolas a un tempérament fugueur. Il est notamment obnubilé par le premier voyage de Gagarine dans l’espace… et il a soudain décidé de se rendre en auto-stop à l’Astro Parc, afin de vivre pleinement sa passion. Amédée se rend donc de toute urgence au parc d’attraction, véhiculé par madame Louison, l’ancienne infirmière et confidente de la tante Adelaïde. Il tente de négocier une entrée gratuite… en vain. Il parvient cependant à entourlouper un jeune employé syndicaliste à l’aide d’un badge FO, et se retrouve finalement en immersion avec une casquette et un gilet aux couleurs du parc. Mais à l’intérieur, nulle trace de Nicolas. Il confond même sa combinaison orange avec celle d’un groupe de touristes russes. Amédée en ressort bredouille avec Louison, plus inquiet que jamais, à la fois pour le gamin introuvable, et pour la maison qu’il a désormais toutes les chances de perdre. Mais quand il revient devant son pavillon, une surprise de taille l’attend… et ce n’est pas Nicolas !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« A coucher dehors… mais avec un ticket de logement », comme le veut l’expression complète. C’est ce qui arrive à Amédée, initialement clochard, mais soudainement héritier d’un pavillon, sous contrainte de s’occuper d’un trisomique. A partir de cette trame, Aurélien Ducoudray tisse le second et dernier volet de son scénario « feel-good » : au départ fuyant devant le devoir éducatif envers un handicapé mental, notre clochard bourru (mais tendre) va s’attacher ; et forcément, au terme de péripéties sociales enlevées, l’histoire finit bien. Cette trame a certes un petit aspect convenu, avec ce qu’il faut de bons sentiments clichés et de retournements de situation dignes d’un Vaudeville urbain moderne (sans personne dans le placard). Mais elle est tellement finement dialoguée, rythmée et découpée, qu’on passe un vrai agréable moment de lecture. D’autant que le dessin encré d’Anlor demeure d’excellent niveau. La dessinatrice semble à l’aise dans tous les compartiments de son registre artistique. Plan larges détaillés, mouvements justes, portraits expressifs, sans oublier sa propre colorisation irréprochable : sa partition est aussi variée que cohérente de bout en bout. Anlor prouve album après album qu’elle fait partie des meilleur(e)s dans cette veine graphique dynamique. Or étant donné qu’elle n’est pas du genre à chômer, gageons qu’elle s’est déjà attachée à un nouveau projet.