L'histoire :
Erica est une charmante jeune fille qui aime prendre un bon bol d’air de temps en temps dans la nature enneigée. Typée indienne, un peu rêveuse, elle espère sincèrement un jour avoir les moyens de quitter ce saloon du Minnesota dans lequel elle connait un véritable succès en faisant… des strip-teases. Une autre prédisposition naturelle la sort néanmoins de la norme : elle a un don de prémonition, et « voit » la mort proche des gens qu’elle croise. Un jour, elle est prise en otage au drugstore du coin par deux géorgiens à la mine fiévreuse. Ils l’emmènent en voiture, une altercation s’ensuit et elle est abandonnée sur le bas côté, une balle dans l’épaule. Étrangement, l’affaire intéresse de près la CIA ! En effet, les géorgiens avaient en leur possession une boîte mystérieuse, qui a fait son apparition il y a quelques semaines sur un champ de bataille d’Afghanistan. Depuis, l’objet a transité par de nombreux pays, passant de mains en mains, suscitant un énorme intérêt. Les militaires russes sont même allés jusqu’à couler un cargo pour effacer les traces de son transit par la mer de Barents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce premier tome, Alain Mounier prend le temps d’installer plusieurs espaces-temps intrigants en multipliant les protagonistes. Si cette méthode narrative permet de faire durer le suspens, elle suscite en même temps un sentiment un peu décousu… Qui est le héros dans tout ça ? La sympathique strip-teaseuse extra-lucide, le paysan pachtoune perdu en pleine guerre d’Afghanistan ou le jeune informaticien américain qui analyse les relevés satellites ? Puis, dans la deuxième moitié de l’album, une réunion au sommet à la CIA permet de faire le point sur le cœur du sujet. Le héros, c’est cette fameuse Box, dont nous apprendront uniquement dans ce premier volume qu’elle est fortement radioactive. Le mystère de cette « boîte » (de Pandore ?) permet néanmoins à Alain Mounier de jouer sur plusieurs registres prometteurs à la fois : thriller, géopolitique, espionnage et fantastique. Pour la forme, le dessin réaliste est une nouvelle fois de haut vol. Quelques passages sont de toute beauté, notamment les plans larges (en Afghanistan et dans le Minnesota) et un strip-tease mémorable (ça sent le vécu !). Aux couleurs, Cyril Saint-Blancat a peut-être juste tendance à systématiser les tons uniques lors du découpage séquentiel (les réunions au pentagone sont toutes rouges ; chez l’informaticien c’est tout jaune…). Cette mise en bouche énigmatique est le premier volet d’une future trilogie, qui permet de voir le retour de Mounier au scénario. En une grosse vingtaine d’albums et autant d’années, le dessinateur n’a effectivement rien scénarisé d’autre que sa toute première parution, d’un enfer à l’autre (1983 !)…
