L'histoire :
Cliff Turner, un profiler atypique dans l’esprit duquel se relaient 13 personnalités distinctes, est aujourd’hui à Portland, dans l’Oregon. L’équipe complémentaire qui cohabite dans son crane enquête en effet sous la tutelle de Kayley, une collègue du FBI, et du professeur Jorgensen, son psychiatre attitré, sur la disparition de deux jeunes femmes, à un an d‘intervalle, chacune au lendemain d’une catastrophe. Cependant, le trouble va grandissant dans son esprit. L’âme du serial-killer John Kyle Fryder, convaincu d’être la réincarnation d’Aleister Crowley, soit le mal absolu, a tendance à prendre le dessus… pour de noirs desseins. Or, c’est justement cette personnalité satanique là qui a poignardé un autre collègue du FBI, 3 mois auparavant, le rendant tétraplégique. Sans la tutelle du psychiatre Jorgensen, Cliff & Co se penchai(en)t alors sur la résolution du mystère de « suicide house ». Dans cette belle villa abandonnée, on avait tendance à retrouver des gens « suicidés »… avant que le FBI comprenne et remonte la généalogie des propriétaires, pour trouver les coupables des crimes. Aujourd’hui, Jorgensen se méfie : les transmissions de personnalités qui se succèdent en Cliff sortent de leurs schémas ordinaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mise en place de cette seconde intrigue, au tome 3, était d’une telle richesse scénaristique, que le résumé concocté par Bamboo au début de ce tome 4 descend tout en bas de la page ! Pour le dénouement général, Thomas Mosdi fait profitablement progresser plusieurs trames, en alternance. Primo, il y a l’enquête au présent, concernant les jeunes femmes disparues quelques jours après avoir réchappé à des catastrophes. Secundo, le petit flashback de 3 mois en arrière revient sur les conséquences tragiques de l’affaire de « suicide house ». Tertio, un gros flashback s’intéresse à l’enfance de Cliff et aux circonstances sordides qui l’ont amené à se créer des personnalités multiples. Et quatro, enfin, à la fois l’intrigue la plus captivante et la synthèse de toutes les autres, il y a la lutte intestine au sein de l’esprit de Cliff lui-même, où les personnalités luttent pour le contrôle de ce corps unique. Evidemment, cette dernière problématique dérive sur une nouvelle affaire, dans laquelle Cliff/Fryder enlève sa propre partenaire. Autrement dit, accrochez-vous au parapet, il faut rester bien concentré pour suivre… mais la narration reste fluide. Inutile toutefois espérer comprendre quelque chose si vous entamez ce tome 4 sans avoir lu les précédents. Mosdi réussit la gageure d’aboutir chaque registre de son thriller (une narration pourvue donc, elle aussi, de « personnalités » multiples), en 46 planches standard. Petit bémol, toutefois, concernant le dessin réaliste de Winoc, exécuté de manière un chouya moins peaufinée (délais de publications rapprochées obligent ?). Mais on pinaille, car la lecture de cet ultime volet s’avère tout à fait prenant.