L'histoire :
Un redoutable serial killer sévit sur l’ensemble du territoire américain. A chaque fois, les victimes sont retrouvées carbonisées, après avoir été arrosées d’essence, une balle fichée dans la cuisse. Jamais plus d’une exécution par état, avec une tendance récente à immoler dans la région des grands lacs. Les autorités sèchent. Ce malade agit en professionnel et ne laisse aucun indice compromettant. Ils ignorent qu’à chaque fois, le tueur prend un polaroïd de sa future victime suppliant à genoux, qu’il envoie par la poste à un vieil homme du Michigan. L’affaire est confiée aux agents Horn et Spears du « service des méthodes parallèles d’investigation ». Plutôt que d’attendre que le tueur fasse un faux pas, ces derniers ont alors une idée : faire appel à Cliff Turner. Cliff est atteint d’une forme ultime et inédite de schizophrénie. En lui, cohabitent pas moins de 12 personnalités, dont un psychopathe et une voyante. Les exactions passées du psychopathe qu’il devient par moment, lui valent d’être sous surveillance permanente de la police dans un centre spécial, sous la houlette du docteur Jorgensen. Ce sont plutôt les talents de sa partie extralucide qui intéressent au plus haut point Horn et Spears…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Coup sur coup, Bamboo publie deux petits thrillers bien huilés à la fois insolites et cohérents : après l’excellent Gemelos, voici donc Cliff and Co ! Si vous n’êtes pas convaincu par cette histoire de schizophrène doté de 13 personnalités distinctes, sachez que c’est néanmoins possible (un cas véridique a même contenu 24 personnalités : faites « Billy Milligan » dans Google). Au cours de ce premier épisode, le « héros » Cliff ne laisse apercevoir que 4 d’entre elles (au-delà, ce serait trop), ce qui laisse beaucoup de potentiel à cette série, pour le moment prévue en 2 tomes. Au scénario, Thomas Mosdi orchestre son récit d’habile manière, alternant les séquences de flashback (l’arrestation de Cliff, la révélation de sa maladie), l’enquête au présent par une unité d’investigation spéciale (un couple qui fait un peu penser aux X-files) et les exactions d’un tueur très inquiétant, en plein dérive mentale… Petit à petit, les tenants et les aboutissants de l’intrigue sont dévoilés, en une intensité croissante. Au dessin, Winoc Devos met l’ensemble en scène de manière plutôt efficace. Sans être non plus spécialement révolutionnaire, son style réaliste fait la part belle aux plans larges (grand canyon, région des lacs…) et s’inscrit dans un découpage, des cadrages et un rythme impeccables. A découvrir d’urgence !