L'histoire :
Lors de la révolution iranienne de 1979, l’agent Samuel Wilson parvient à s’échapper à temps de l’ambassade américaine de Téhéran, juste avant la prise d’otages. Après plusieurs semaines de périple, il sort du pays sous les traits d’un mollah et rejoint sa femme et son fils aux USA pour les fêtes de fin d’année. Mais le jour de Noël, deux militaires viennent le chercher pour une dernière contribution à la nation, en mettant sa connaissance de l’Iran au service de l’exfiltration des otages. Il n’en reviendra pas… 25 ans plus tard, son fils Simon, psychanalyste, se fait appeler Simon Merid. Victime d’un syndrome bien connu du métier, la « forclusion du nom du père » (le refus du patronyme de naissance), il souffre également de stérilité totale… Ailleurs sur le territoire, le ministre de la défense visite la mystérieuse « Base 51 ». Officiellement, cette dernière sert un programme de recherches satellitaires. Officieusement, elle abrite « la plus grande découverte de l’humanité », que les militaires protègent en entretenant la légende des OVNI. Au sein de la base, se trouve également le pénitencier de Groom Lake, dans lequel sont curieusement enfermés des enfants. L’un d’entre eux profite de la visite du ministre pour s’échapper…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Groom Lake se présente comme un nouveau thriller aux frontières du fantastique. Tout d’abord, lors d’un flashback, on apprend la manière dont a disparu le père du héros, Simon. Puis on constate le poids de ce passé dans la vie intime et professionnelle de ce dernier. On enchaine alors sur la base 51, le pénitencier de Groom Lake et l’évasion drôlement rusée d’un enfant certainement détenteur d’un sacré secret. Toutes ces séquences sont certes habilement mises en scènes par une narration parfaitement ficelée, mais qui intrigue car on ne voit pas trop le lien qui les réunit. En fait, Hervé Richez réserve la clé de l’énigme pour le tout dernier phylactère, un seul et dernier mot qui met l’ensemble en cohérence de superbe manière. Sans trahir le suspens, c’est effectivement la plus grande découverte de l’humanité, et de surcroît un sujet encore inédit dans le 9e art ! Voilà de quoi nous appâter sérieusement pour le prochain tome, d’autant plus que le dessin réaliste de Jean-Jacques Dzialowski, venu des comics, tient la route. Un beau travail d’ambiance et certaines séquences très réussies (la séquence nocturne sur la base 51) apportent la tension adéquate, en évitant habilement de faire dans le grandguignolesque. Une bonne surprise, prometteuse…