L'histoire :
Lilly Kelly, la fille de Jayne Mansfield, vient d'être déposée par son petit ami Angel dans le manoir d'un mystérieux gourou qui a visiblement pris le contrôle de la volonté du jeune homme. Il évoque la vision d'une purification à venir, dans laquelle Kesey et les Pranksters doivent trouver leur place. Le bus a repris la route, nous sommes désormais près d'un an après que celui que la communauté appelle « Jésus Gris » a quitté sa vie de cadre de l'industrie automobile. Jack Cool le détective mandaté pour le retrouver est désormais du voyage. Il découvre la folie bienveillante et totalement insouciante de ces jeunes gens qui cherchent à être synchros avec le cosmos. Pendant ce temps, Sam Brody et la célèbre actrice sont dans l'attente de nouvelles de la jeune disparue, ayant eux aussi confié l'enquête à Jack. Kesey et sa bande vont faire une étape dans le Missouri, pour rejoindre une manifestation pacifiste dans la Truman State University. La prise de parole du leader charismatique est décalée, provocante, surprend la foule d'étudiants, avant de se transformer en une séance de délire collectif. Une baignoire est remplie d'une étrange boisson aux allures de jus d'orange, que la foule va partager sans retenue. La situation devient incontrôlable, les participants perdent toute retenue et entrent dans un trip collectif. La police intervient...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'horizon s'éclaircit un peu dans le deuxième épisode de ce qui pourrait devenir une série à suivre. C'est bien l'enquête aux axes multiples de Jack Cool qui va devenir l'élément structurant de l'intrigue, levant petit à petit les mystères autour de plusieurs personnages impliqués. L'ancrage dans l'époque, avec Jayne Mansfield qui recherche sa fille, complète le panorama, tout comme les expériences de masse de consommation de LSD par le groupe des Merry Pranksters. On appréciera davantage le road trip de tous ces joyeux lurons si l'on sait que le bus de Kesey a réellement existé, et que le groupe a expérimenté des substances hallucinogènes qui n'étaient à l'époque pas connues des autorités, ni interdites. La perplexité du lecteur est à l'image de celle des contemporains de ce groupe de précurseurs, inconscients des ravages que leur expérience causait sur eux, et suscitant une totale stupéfaction. Les enchaînements concoctés par Jack Manini perdent le côté anarchique du premier tome, dès l'entrée en matière du gourou dans son magnifique manoir. Les beaux plans d'Olivier Mangin prennent d'entrée de jeu toute leur place, son style classique et parfois spectaculaire gère aussi bien des planches structurées que les délires psychédéliques de la foule sous acide. A l'image du coloriste Yoann Guillé, aussi à l'aise dans les belles ambiances de nuit tombante que dans le ciel explosé de couleurs improbables autour du bus de Ken Kesey. Les révélations de la fin de ce second tome laissent ouvertes bien des possibilités, même si, pour l'heure, aucun des nombreux protagonistes n'a eu l'occasion de nous donner une envie urgente de le retrouver.