L'histoire :
Paris, juillet 1942. La France est occupée par les nazis et le régime de Vichy ne ménage ni sa peine, ni son zèle. Malgré l’étoile jaune portée sur le revers de veste, la robe ou le petit gilet, la famille d’Ada et de Lucja semble heureuse : les cours prodigués par le papa se déroulent dans la bonne humeur et le ragoût préparé par la gentille voisine descend divinement dans le gosier. Pourtant tout n’est qu’apparences. Il suffit en effet d’écouter Ada, au couché, inventer une histoire pour sa petite sœur, pour comprendre qui sont les loups et comment leur échapper. Il suffit aussi de surprendre la conversation des parents pour entendre la maman regretter d’avoir offert en mariage sa religion judaïque à son mari. La bête rôde tout prêt… Le lendemain matin, elle prend d’ailleurs les traits d’une descente de police. Une rafle qui embarque une partie de l’immeuble avec valises et provisions, pour deux jours vers le Vélodrome d’Hiver. Trois jours plus tard, la famille d’Ada est toujours enfermée, sous garde policière, avec plusieurs milliers d’autres juifs. Une évidence s’impose alors : il faut trouver le moyen de s’échapper. Et si ça ne peut être la famille entière, il faut donner leur chance aux fillettes. Justement, Margaux, leur tante déguisée en infirmière pour la circonstance, a une idée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier cycle de L’envolée sauvage a été un succès public et critique. Il faisait depuis longtemps déjà, via son éditeur, de petits appels du pied à Laurent Galandon pour une suite espérée et attendue. Pour autant, le récit du périple du petit Simon semblait parfaitement bouclé. Aussi le scénariste détourne t-il ici la difficulté en développant une histoire parallèle et indépendante, mettant en scène Ada. Dans le précédent cycle, nous avions fait connaissance avec cette petite fille d’une dizaine d’années (à la page 21 du 2éme opus), dans un train… C’est ici la période antérieure à cette rencontre qui sera développée en 2 tomes. Le canevas scénaristique emprunte donc une trame gémellaire – on le regrette un peu – pour exploiter une thématique identique : la fuite, la traque, la dissimulation (et son corollaire antagoniste collaboration/résistance) sous une fausse identité de deux sœurs juives, pour échapper à une mort programmée par le régime nazi. De « l’évasion » du Vel'd’hiv à la ferme de la mère Montfleur, on suit donc le parcours chahutée, l’enfance trahie, avec pour principaux outils de survie le mensonge et le secret. Par rapport au premier cycle, Galandon se met un peu plus encore à hauteur d’enfance, en relayant en permanence l’effroyable cruauté du contexte (trahison, collaboration, antisémitisme, mensonge…), notamment dans les rapports qu’entretient Ada avec son entourage de nouveaux « amis ». Une propension renforcée d’ailleurs par un artifice narratif utilisant les contes de fées narrés par Ada à sa petite sœur – et non plus la métaphore volatile du premier cycle. L’ensemble ne fait guère preuve d’originalité dans le registre, mais il parvient avec force à capter son lectorat. L’attachement aux protagonistes est immédiat et participe à rendre directement accessible le « devoir de mémoire » (thématique chère à Laurent Galandon) aux enfants (10-13 ans). Remarque identique pour la rondeur du dessin de Hamo, qui succède à Arno Monin, jouant l’accroche et la parfaite lisibilité.