L'histoire :
XVIIème siècle. Libérées de prison pour servir d’épouses à de riches colons des Caraïbes, Louise, Apolline et Quitt se sont juré durant la traversée de l’Atlantique de s’entraider… avant d’être séparées par les évènements une fois arrivées sur l’île de la Tortue. Louise la rousse a épousé un ancien esclave noir devenue pirate, qui est parti pour plusieurs semaines de campagne de flibuste, au large. Esseulée, elle a migré sur l’île de la Martinique, en compagnie d’un père jésuite, d’Enguènes, qui veut évangéliser les sauvages. Mais elle se retrouve prisonnière d’une tribu cannibale qui s’apprête à manger un des leurs qu’ils ont engraissé pendant des semaines. C’est pourtant cet indien qui la libère au milieu de la nuit, pour s’échapper avec elle à bord d’une pirogue, direction la Dominique ! Pendant ce temps, Quitt la blonde, devenue femme du Gouverneur, espionne un faux botaniste, mais véritable tueur, qui était sensé tuer son amie Apolline… Mais Quitt a percé à jour son vrai profil et l’a retourné à son profit : Mr Plumier doit désormais tuer son horrible gouverneur de mari. Hélas, il échoue et récolte un poignard dans l’œil ! Pendant ce temps, Apolline la brune, enceinte, chasse toujours le bœuf dans les hauteurs de l’île, en leur sectionnant les jarrets, en compagnie de Pied-de-Biche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d’une saga historique dans les Caraïbes du XVIIème, donc largement imprégnée de piraterie, mais – de manière originale – pas trop maritime et plutôt féminine ! Le scénariste Stéphane Piatzszek fait aboutir le destin tourmenté de ses trois héroïnes et – quitte à divulgâcher le suspens – on vous annonce d’emblée que l’une d’entre elles ne finira pas vivante (mais on ne vous dira pas laquelle !). La reconstitution historique est patente, notamment en ce qui concerne le décorum et l’ambiance. A cette époque, des esclaves s’affranchissent, des indiens cannibales chassent l’homme, des prêtres évangélisent, des colons impérialistes européens se croient tout-puissants et cherchent à assoir un empire producteur et commercial. Evidemment, dans les mentalités du XVIIème, il ne reste que peu de place pour les femmes ! C’est en ce sens que la trilogie se montre finalement légèrement anachronique : Quitt, Louise et Apolline sont des femmes de caractères qui parvienne plutôt à exister – c’est-à-dire à imposer leur propre destin sur une civilisation immensément patriarcale. L’ensemble est dessiné par Tieko, qui aura tenu une griffe réaliste certes académique, mais cohérente et parfaitement prompte à faire vibrer les lecteurs amateurs d’aventures historiques sous les tropiques.
