L'histoire :
L'ingénieur Frédéric Daguet, le sergent Paco et Anne-Marie Chatel se retrouvent à Nha Trang, dans la villa de la jeune femme, tenancière du « Paris », bar où travaillait My-Linh, prostituée vietnamienne dont Paco est amoureux. Les attaques contre La Rafale, le train blindé qui transporte l'approvisionnement pour les postes militaires français du nord au sud de l'Indochine, se sont multipliées. Anne-Marie sait désormais que My-Linh travaille en secret pour le Viet Minh, et alors qu'il discutent sur la terrasse de la maison, un espion est aperçu dans le jardin. Un combat s'ensuit, mené par Tak, leur collègue vietnamien, qui tue les assaillants. La violence contre les colons monte dans tout le sud du pays. Les civils installés depuis des décennies font l'objet de meurtres ciblés. De grands propriétaires demandent aux autorités militaires leur protection pour aller à bord de la Rafale se réfugier à Saigon, réputée plus calme. Le train blindé est alors utilisé pour transporter vers les nord des civils en mal de protection, des américains choisis par leur ambassade, ainsi que quelques écoliers et leur institutrice. Le chemin va être celui de tous les dangers, alors que la guérilla Viet Minh monte en puissance vers une issue inéluctable...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième et dernier volet d'un récit historique très instructif confirme la tournure didactique autant que militaire du scénario de Patrick Cothias et Patrice Ordas. En prenant très peu position sur les enjeux du conflit et en ancrant leurs personnages au cœur de la légion étrangère, les auteurs construisent un récit de guerre assez neutre, qui reste donc factuel. La complexité des motivations des belligérants est bien rendue, qui décrit à la fois la sincère soif de justice et de liberté des futurs vietnamiens et les enjeux géo-politiques qui les utilisent, comme les rivalités franco-américaines dans le camp adverse. Le rôle de plus en plus fort joué par l'ingénieur Daguet, l'évolution de son respect pour les militaires qui l'entourent, et l'histoire d'amour entre Paco et My-Linh sont un faisceau de dynamiques qui évitent au récit un coté trop descriptif. Les informations passent bien, qui ne demandent pas au final une intrigue très poussée autour de ce train traversant un pays de plus en plus hostile. Le dessin de Winoc reste convaincant, avec une préférence toutefois pour les paysages et les scènes statiques. Sa mise en scène des combats manque peut-être un peu de violence. Les auteurs auront fourni un travail précis et complet pour susciter notre intérêt sur les débuts de la guerre d'Indochine, à travers un récit bien structuré, dont les éléments clés bouclent proprement avec ce troisième tome.