L'histoire :
Sidoine a été emprisonné dans un bagne pour enfants, après avoir été accusé de complicité dans le suicide par pendaison de son père adoptif, le facteur Jean Divères. Exilé et maltraité, Sidoine y a perdu une main et s’est forgé une puissante hargne contre cette société injuste et impitoyable. De retour dans son village, il découvre que la maison dont il croyait avoir hérité, est désormais occupée par Aurélie Jugan ; la fille de son ancien employeur, un salopard. La jeune femme est toutefois instruite et accueillante : elle est institutrice et suffragette. Elle lui explique que le père Divères avait confié la bâtisse en viager à sa famille. Mais Sidoine n’a pas tout perdu : 2000 francs seront à sa disposition à sa majorité. Fort affale et compréhensive, elle l’invite à rester chez elle quelques jours. Mais le retour de Sidoine excite les villageois, qui lui font subir les pires brimades. Dans les jours qui suivent, Sidoine découvre qu’à la demande d’Aurélie, un avocat mondain va s’occuper de son cas : le voilà instrumentalisé au service d’un retentissant procès contre les bagnes pour enfant. Il accepte car il y gagne au passage la tendresse d’Aurélie et l’espoir de la justice à venir. Aurélie elle-même entame l’écriture d’un livre racontant ses années de bagne. Toutefois, la tournure médiatique de l’affaire prend des proportions et irrite le jeune homme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce deuxième opus du triptyque prévu, les coscénaristes Patrick Cothias et Patrick Ordas laissent (un temps) de côté les racines familiales distordues de Sidoine, pour focaliser sur l’aspect juridique des bagnes pour enfants dans la société de l’époque. De nouveau, la voix off récitative et descriptive se met au service de la juste transmission des états d’esprits. Celle-ci se révèle néanmoins un peu artificielle et pèse sur la psychologie des personnages, un brin caricaturale. Par exemple, la moderne Aurélie tombe bien rapidement dans les bras du rustique Sidoine… puis elle le rejette aussi facilement, pour ce qui ressemble à un prétexte. Quand les personnages s’emportent, ils le font d’ailleurs avec une véhémence qui se traduit par des faciès particulièrement expressifs… Ces quelques points de détails mis à part, la narration graphique et dialoguée se révèle tout de même fort agréable et justement rythmée et découpée. Le dessin encré de Christelle Galland (colorisé par Sébastien Bouet) est sérieux et parfaitement adapté au sujet. Notons aussi que la démarche historique visant à dénoncer la cruauté des bagnes pour enfants est déjà la cible d’une autre série de la collection Grand angle (Les innocents coupables). Ici, le lien est donc fait entre le biais (classique et fictif) du témoignage et les débats dans la société civile. Médiatisé, Sidoine s’offre-t-il pour autant un réel répit dans son existence torturé ? Rien n’est moins sûr et les dernières pages nous ramènent aux dures réalités de l’époque…