L'histoire :
Paris, 1920. Fernande Herduin, veuve du lieutenant Henri Herduin, se rend au sous-secrétariat d’état de la justice militaire pour connaître les conditions d’exécution de son époux. Le 11 juin 1916, cet officier est tombé sous des balles françaises, accusé de lâcheté. Le haut-fonctionnaire qui la reçoit lui annonce que sa requête ne pourra aboutir : il ne peut pas ouvrir d’enquête car il n’existe pas de dossier. Il n’y a pas eu de procès et donc pas de révision d’archive possible. Face à la colère de la jeune veuve, il tente de la calmer en lui signifiant que son mari étant mort pour la France, cela lui ouvre droit à pension. Fernande n’a que faire de cette pension dérisoire, elle souhaite rendre à son mari l’honneur qu’on lui a pris. Si la justice refuse de se pencher sur le cas de son défunt époux, elle en appellera à l’opinion publique en interpellant la presse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Durant la première guerre mondiale, Herduin et Millant sont deux officiers de l’armée française dont les compagnies vont connaître des assauts allemands d’une rare intensité. Après de lourdes pertes, ces 2 officiers décident de mettre fin à une lutte inutile, au risque d’aggraver le bilan en étant encerclés par l’ennemi. Cette décision ne sera pas comprise par leur état-major qui ordonne de les exécuter sommairement au motif de lâcheté. La veuve d’un de ces officiers va faire appel à un avocat et à un député communiste pour laver l’honneur de ces 2 hommes. Cette injustice sera largement médiatisée et politisée (les députés communistes auront le soutien de députés de droite) qui conduira à une réhabilitation de ces condamnés à mort et même donner lieu à une loi qui permettra de réviser certains procès. Cet album s’appuie sur des faits historiques recueillis par le scénariste Jean-Yves Le Naour, dont le travail de recherche est rigoureux. Ils sont subtilement mis en scène par Marko qui ajoute à un caractère romanesque à ces événements dramatiques : il alterne judicieusement les séquences sur le front, avec des soldats épuisés, et les débats tendus dans le palais de justice ou dans l’hémicycle. Les personnages sont des hommes et des femmes de conviction, ce qui donne lieu à des échanges parfois animés. Le trait réaliste, dynamique d’Iñaki Holgado et les couleurs de Sébastien Bouet sont d’une bonne tenue. Les scènes de combat dans les tranchées ou encore la gueule cassée d’Auguste restituent avec beaucoup de justesse et d’efficacité toute la violence de cette grande guerre.
