L'histoire :
Dans les années 50, Londres se remet tout juste des méfaits accomplis par la sinistre « Marque Jaune ». Néanmoins, les recherches du professeur Septimus sur la domination mentale font des émules ! D’une part, quatre notables aux desseins flous mais s’associent dans le plus grand secret pour poursuivre les recherches du savant autour de l’onde Mega. D’autre part, le professeur Mortimer approfondit lui aussi ces travaux discrètement, en essayant de les comprendre : il a recréé un laboratoire pourvu d’un télécéphaloscope dans son sous-sol, ce que désapprouve son fidèle Nasir. L’homme à tout faire a d’ailleurs raison de se méfier car il est victime d’un étrange phénomène durant une absence de Mortimer. Le colonel Blake, quand à lui, est prévenu par son bureau de curieux accès de démences par des individus illuminés et dangereux, qui se retrouvent systématiquement sur les quais désaffectés de la gare de King’s Cross. En creusant l’affaire, il semble que ces individus succombent à la même folie que celle d’anciens militaires enfermés dans un asile psychiatrique, tous persuadés quotidiennement à heure fixe de revivre une attaque. Et pendant ce temps, un individu ressemblant incroyablement à Septimus – défunt ! – se promène en ville…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 22ème épisode de Blake et Mortimer prend pour contexte les mois qui suivent l’affaire de la Marque jaune… et il tire toute sa substance de ce mythique album. Pour la première fois au scénario d’une aventure mettant en scène le célèbre duo, Jean Dufaux reprend donc à son compte la puissante idée de domination mentale des masses par une onde… et il convoque aussi pour ce faire des réminiscences du Secret de l’espadon. Dufaux a parfaitement digéré le catéchisme de Blake et Mortimer : on retrouve ici une machination diabolique, des labos secrets et souterrains, des apprentis sorciers menant des recherches pour une arme absolue, des flashs et des arcs électriques en pagaille, une attaque de clones fantomatiques, l’indispensable colonel Olrik qui pactise un temps avec Mortimer (ça c’est nouveau !)… mais aussi l’intervention d’une intelligence extraterrestre ! Pour tous ces effets grandiloquents et rocambolesques de série B, Dufaux se place idéalement dans le ton. Son verbe soigné en fait aussi des caisses (dialogues et narratifs) et cela se situe aussi parfaitement dans le registre. L’exercice semble donc réussi et pourtant l’aventure n’emballe jamais. On a le sentiment d’accumuler linéairement un éventail complet de jalons pertinents, mais sans jamais vibrer à l’unisson des enjeux, par manque de réelle profondeur. Sur le plan du dessin, les albums d’André Juillard étaient certes déjà très proches de la ligne claire jacobsienne. Mais la partition graphique que joue le duo Atienne Schréder / Antoine Aubin semble encore plus juste. Un sans-faute sur ce plan !