L'histoire :
Dans la région du Magne, à l’extrême sud du Péloponnèse, une secousse sismique achève d’ébouler un ancien village en ruine et met à jour une cavité remarquable. Un jeune berger et son chien y découvrent un petit coffre de plomb ainsi que de nombreux parchemins. Deux semaines plus tard, trois hélicoptères lancent un assaut spectaculaire contre le pénitencier de Jacksonville : leur objectif – réussi – est d’en faire évader le célèbre Olrik. Mis au courant de cette évasion, le colonel Blake du MI5 est contraint d’annuler ses vacances avec son ami Mortimer dans le Lake District, pour partir épauler le FBI dans son enquête. Par coïncidence, Mortimer reçoit le lendemain un courrier du docteur Markopoulos, conservateur du musée d’Athènes, requérant ses talents d’archéologue pour une mystérieuse affaire. Et tandis qu’Olrik, sur un yacht de luxe croisant au large de Gibraltar, remercie son riche libérateur, Belos Beloukian, un ancien nazi transformé en homme d’affaire arménien, Mortimer atterrit en Grèce. Son arrivée au musée est retardée par une étrange crevaison de pneu… et une fois sur place, il arrive pile au moment où un cambrioleur s’enfuie du bureau de Markopoulos, emportant un petit coffre de plomb. Une course-poursuite s’engage, moto contre voiture, qui s’achève par l’accident du voleur. Mortimer récupère le coffre ainsi que le mystérieux denier romain qui se trouvait à l’intérieur. De retour au Musée, Markopoulos explique qu’il s’agit d’un des 30 deniers reçus jadis par Judas pour sa traîtrise envers Jésus, un trésor récemment mis à jour par un éboulement… et qu’il leur faut désormais se mettre sur la piste des 29 autres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle aventure de Blake et Mortimer s’inscrit dans la droite lignée du Mystère de la grande pyramide : là aussi il s’agit d’une épopée archéologique aux relents mystiques, là aussi elle emprunte la forme du diptyque. En se mettant sur la piste des 30 deniers de Judas, nos héros se frottent à une énigme ésotérique : ces pièces d’argent sont chargées de la colère divine, il ne faudrait pas qu’elles servent le mal absolu ! Or voilà évidemment le colonel Olrik engagé lui aussi sur ce terrain, libéré et manipulé par un nostalgique du Führer et du tyran tibétain Basam-Damdu de la première trilogie (cf. Le secret de l’espadon). Bref, le scénario trouve un juste créneau pour s’inscrire dans la « mythologie » Blake et Mortimer, tout en proposant une aventure originale et parfaitement prenante, dont ce premier tome constitue une exposition impeccable. Au duo d’auteurs Sente/Juillard (qui ont livrés les 3 précédents albums), succède un trio inédit et tout particulier. En effet, d’une part, le scénario, parfaitement huilé et documenté, est signé du grand Jean Van Hamme, qu’on ne présente plus (il a lui aussi déjà signé deux Blake et Mortimer). D’autre part, le dessin avait initialement été confié à René Sterne (auteur d’Adler). Celui-ci avait incroyablement fait sienne la ligne claire et le décorum de Jacobs, lorsqu’il a soudainement… cassé sa pipe, en 2006. C’est donc son épouse, Chantal de Spiegeleer, elle aussi auteur de BD (Madila) qui a courageusement repris le flambeau. Avec minutie, sans la moindre rupture graphique, elle perpétue une noble et belle entreprise, aidée par son frère Jean pour les décors et Laurence Croix pour la couleur. Après quelques épisodes de série B, une grande aventure, digne de la notoriété de la série, est enfin initiée !