L'histoire :
Hijab : Une femme portant un foulard sur le crâne hurle son désespoir… mais le foulard lui est noué en travers de la bouche.
Le thé de Bachar : Le dictateur syrien retire une infusion de sa tasse : l’infusion est un mini-pendu étiqueté Syria, le liquide est rouge sang.
Oppression : Une main géante érige l’index et le majeur pour former le signe de la victoire. L’index porte le ruban vert de la révolution populaire iranienne. Aussi, un mini oppresseur décide-t-il de le trancher d’un coup de hache. Ne reste ensuite que le majeur dressé, dans un signe de la main ayant une toute autre signification…
Religion nucléaire : Un musulman fait sa prière, agenouillé sur un tapis sur lequel est tissé le symbole du nucléaire.
On ne bouge plus : Un gymnaste exécute une figure particulièrement difficile à tenir aux anneaux : les bras en croix, la tête en bas, les fesses en l’air, les jambes tendues. Il sue à grosses gouttes et essaie de tenir le plus longtemps possible car une colombe de la paix a choisi son postérieur pour y faire son nid…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mana Neyestani a bénéficié d’un éclairage médiatique en 2012, en recevant le DBD Awards pour son album de BD politique Une métamorphose iranienne. A travers cette œuvre, l’auteur iranien raconte l’enfer et l’oppression qu’il a subi dans son pays, après avoir osé glisser un mot interdit dans la bouche d’un cafard, dans un ouvrage pour enfant. Depuis lors, il vit exilé et ne se prive pas pour exercer son talent de dessinateur de presse sur différents supports médiatiques. Neyestani a notamment rejoint l’association Cartoonist for Peace de Plantu. En 2010, il a aussi reçu le prix du courage 2010 du CRNI (Cartoonist Rights Network International). Empruntant l’antiphrase ritournelle Tout va bien à Madame la Marquise, ce petit ouvrage carré très épais recueille une sacrée collection de dessins de presse. En page de gauche, une légende, souvent un simple mot, pour donner le contexte ou titrer la représentation. En page de droite, un dessin caricatural muet, à l’accès universelle, majoritairement en noir et blanc (avec souvent un peu de rouge pour le sang), finement exécuté à grand renfort de petites hachures sensiblement densifiées, pour gérer le relief et les ombres, façon Serre. Absolument tous dénoncent la répression, la privation de liberté, l’oppression. Souvent, les mises en scène se montrent macabres et usent voire abusent des symboles, des métaphores subtiles. Evidemment, cette collection de dessins ultra pessimistes accable le régime iranien, mais aussi Bachar el-Assad, et elle s’insurge contre les complaisances internationales. On émerge totalement désespéré de ces quelques 250 dessins atrabilaires et anxieux, inégaux dans leur efficacité. Si certains brillent par leur pertinence et l’universalité de leur message, d’autres se montrent plus alambiqués, et le propos est souvent redondant. La thématique est néanmoins logique et nécessaire, provenant d’un artiste-journaliste en exil qui nourrit de grandes idées de liberté et d’ouverture pour son peuple.