parution 13 octobre 2010  éditeur Cambourakis  Public adulte  Mots clés Guerre

Nos guerres

Nos Guerres

L’héroïsme guerrier et la morale ne sont-ils que des illusions au regard des boucheries générées par la guerre moderne et industrielle ? Oscillant entre distance ironique, ton grave et dessin épuré, dix récits qui donnent sens à la guerre.


Nos guerres : Nos Guerres (0), bd chez Cambourakis de Benito, Bourlaud, Cablat
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Cambourakis édition 2010

L'histoire :

Dix récits graphiques de mémoires de guerre et des témoignages marqués du sceau de l’ambiguïté. Si la vie est un rêve, la guerre est une réalité directement vécue, source de multiples représentations. Dans le chapitre « Famille », il est question d’un homme dont les grands-parents affirmaient que les enfants ne devaient pas mourir à la guerre, et dont le frère a été tué après seulement deux semaines de combats. Dans le chapitre « onze balles », un homme raconte comment il a fusillé et violé une femme, Liv-Lisa. Habité par un patriotisme naturel, il lui avait toujours semblé que cette guerre était juste, tout comme ses inévitables conséquences. Un combat, d'ailleurs, mené au nom de la paix universelle et perpétuelle entrevue par Kant… Il fallait tuer, en passer par là, cela entrait dans l’ordre normal des choses. Une nécessité tragique, certes, mais une nécessité quand même. Dans les autres chapitres, il s’agit aussi de montrer la lente déshumanisation des hommes, leur ensauvagement inévitable. La guerre détruit des vies, les tranchées sont des cercueils en puissance, et les morts sont légion… C’est aussi l’histoire de profiteurs qui se sont enrichis au contact de l’ennemi, mais aussi grâce lui. Eh oui, il faut bien vivre en période de disette…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Paul Valéry écrivait à l’issue de la Première Guerre mondiale : « Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles », délivrant ainsi le sentiment collectif d’un désastre, et révélant au grand jour la fragilité existentielle. Nos Guerres parle de cette histoire, celle de la Guerre en générale (la Première Guerre mondiale, ici) et de ses acteurs, pour lui donner sens. C’est le récit lucide d’hommes au comportement ambigu, mais aussi celui de l’innocence sacrifiée sur l’autel du patriotisme exacerbé. Que devient l’héroïsme guerrier face à la guerre industrielle ? Et la morale face aux morts ? Nos Guerres est né de la volonté de nommer l’ineffable. Car il est bien question de la guerre et de ses conséquences : déshumanisation lente, ensauvagement des hommes rendus étrangers au réel. Sous forme d’avatars décérébrés, de playmobiles sans vie, d’automates sans âme, les figurants de cette guerre ont perdu dans ces boucheries leur dernier territoire d’humanité, anéanti à jamais. Quand le sens d’une guerre échappe aux mots et aux morts, c’est alors aux images des vivants d’en exhumer sa violente et douloureuse réalité. Intelligemment, les auteurs varient les styles graphiques, du naïf enfantin au cubisme, en passant par le cartoon expressionniste ou caricatural, revisitant aussi l’imagerie de la presse populaire (L’Assiette au beurre), voire propagandiste. On pense inévitablement à Otto Dix, Marcel Grommaire et même Picasso, période Guernica. Tantôt grave, tantôt léger, le ton est froid ou plein d’ironie, l’humour et la satire y ajoutant un souffle intéressant. Cet équilibre tendu se révèle efficace. Seul bémol, des récits un peu trop brefs, bridant la puissance dégagée par l’esthétique graphique. Au final, Nos Guerres offre des témoignages à hauteur d’hommes exhumant une profonde vérité. Un livre qui donne sens à la guerre en explorant ses ambiguïtés et sa violence. Mémoire imagée et réactivée, cette BD constitue un beau travail graphique.

ISBN 9782916589565