L'histoire :
Un inspecteur de l'hygiène et de la salubrité est arrivé au sein de l'usine alimentaire FA-33, et les choses se précipitent un peu. Néanmoins, le dernier foetus précog organiquement modifié est lui aussi en train de muter convulsivement, prêt à se liquéfier. Le seigneur Gucco est donc en passe de céder à la panique... lorsqu'on lui annonce que l'« homme au visage de cochon » a été retrouvé ! Dans une ultime prémonition, avant d'exploser en bouillis, le dernier foetus précog valide a en effet récemment identifié une telle créature comme étant à l'origine d'un grand trouble. Mais le pauvre hère au visage difforme qui a été capturé dans un camp de réfugiés par les drones mutants de Gucco n'y est pour rien dans cette affaire. Il est tellement chahuté par les sbires de Gucco qu'il en vomit sur le sol. Or l'immonde flaque qui en résulte est porteuse d'une infection virale virulente. Pendant ce temps, la révolte gagne le camp de réfugiés : l'homme qui a apporté une tête de cochon est vénéré tel un dieu et il organise l'insurrection. A des lieux de là, Raul, le (véritable) homme au (véritable) visage de cochon, rejoint paisiblement son village, sans comprendre pourquoi ses pairs l'appellent Vigo et sans se douter qu'une révolution simiesque s'organise...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous n'avez rien compris à la lecture du résumé ci-dessus ? Rassurez-vous, c'est normal : nous non plus. Car en fait, il n'y a guère d'autre sens à saisir dans Factory que l'exposition d'un univers futuriste ultimement sordide et abject, un état des lieux d'une humanité arrivée à un point de dégénérescence absolue. Il en va de l'intrigue de ce troisième opus comme dans les deux précédents volets : deux trames se laissent suivre en parallèle, sans transition et... finalement sans rapport ! L'homme à tête de cochon restera à des lieux de l'usine de Gucco ; Gucco finira en bouillie organique comme la plupart de tout ce qu'on trouve à la surface de cette planète immonde ; cette planète immonde (la terre future ?) conservera tous ses mystères, à la veille d'une révolution que nous ne suivrons pas : la trilogie de SF glauque et gluante est désormais terminée. Cela aura permis à Yacine Elghorri de montrer qu'il ne manque pas de talent dans ce registre particulier initié par Metal Hurlant qu'est la science-fiction d'horreur. Talentueux, donc, mais il aura tout de même un peu cédé à la facilité au cours de ce triptyque, appliquant une colorisation informatique à partir d'un rough crayonné sur-contrasté, s'affranchissant la plupart du temps d'arrières-plans (vive les taches teintées sur applats de couleurs), dupliquant tout ou partie de cases (cf. p22-23) ou des personnages issus des précédents volets (le drone). En attendant de voir enfin le dessinateur sur un projet plus ambitieux, digne de son potentiel (très bientôt, avec Jodo au scénar, évidemment ; à suivre sur www.yacine-elghorri.com).